La Charité envers le prochain

Mai 1982 – Volume 1.5

La Charité envers le prochain

Nous avons vu que Dieu est amour et comment il nous a aimés. Il nous a aimés en manifestant ce qu’il est, en nous donnant ce qu’il est : amour, bonté, miséricorde, justice et tendresse infinie pour des petits misérables.

Voilà ce que Dieu a fait pour nous et il nous dit : «  Soyez miséricordieux; comme le Père céleste est miséricordieux; il fait pleuvoir sur les justes et les injustes et il envoie son soleil sur les bons et les méchants. » (Mt 5 :45) Même, il ose nous proposer : « Soyez parfaits comme le Père céleste est parfait.» (Mt 5 :48)

En nous proposant un si haut modèle, Dieu ne nous a pas demandé l’impossible. C’est lui qui, avec du noir charbon, fait les purs diamants; c’est lui qui a fait de Marie Madeleine pécheresse une étoile dans le ciel; c’est lui qui a fait de la femme adultère et de la Samaritaine des femmes nouvelles et dignes qui devinrent des apôtres et des témoins du nouveau Royaume; c’est lui qui a fait du publicain Mathieu un saint et un évangéliste; c’est lui qui a fait du modeste Pierre un saint et le chef de son Église pendant que docteurs, scribes, Pharisiens et grands prêtres étaient écartés. « Il abaisse les puissants, il relève les humbles». «Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu». (Mt 19 :26) Ce même amour que Dieu a eu pour nous il veut que nous le reportions sur nos frères. Et il le dit en clair : «Aimez-vous comme je vous ai aimés.» Rien de moins! Et Jésus a dit encore : « C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous». (Jn 13 :15)

À ses Apôtres, qui étaient les fondements du nouveau Royaume, il l’a signifié de façon très nette : «Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu; non pour un gain sordide, mais avec l’élan du cœur; non pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau». (P 5 :2,3) Une fois que les Apôtres se disputaient entre eux à savoir qui d’entre eux aurait la première place dans le Royaume, (sur la terre bien entendu!) Jésus leur dit : « Celui qui veut être le premier parmi vous, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous». (Mt 20 26,27)

Jésus a passé son temps à servir. Il a payé la dette de ces pauvres prisonniers que nous étions, de ces esclaves pour en faire des hommes libres; il a aimé les pécheurs et les pouilleux pour qu’ils deviennent des âmes transparentes de Dieu, il a aimé Madeleine pécheresse parce que lui, le créateur, il savait que les âmes sont comme les fleurs; elles ont besoin de soleil pour se développer et s’épanouir. Le soleil de l’amour divin éclaire de la douce lumière de la Vérité, réchauffe de son tendre amour, fait croître par sa puissance créatrice, nourrit par sa Providence, relève et refait la fleur tombée plus belle qu’avant par son amour miséricordieux tout puissant.

Ce que Jésus a fait pour nous, il veut que nous le fassions pour les autres. Il nous l’a exprimé doucement dans ce qu’on a appelé si justement la Règle d’Or : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le également pour les autres; voilà la loi et les prophètes». (Mt 7 :12) Il savait, lui, le Créateur de l’univers qu’il est impossible de récolter autre chose que ce que l’on sème. Il l’a dit bien clairement : « Tel l’homme sème, tel il récoltera» et St-Paul l’a repris : « Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l’on sème, on le récolte : qui sème dans sa chair récoltera dans sa chair la corruption; qui sème dans l’esprit récoltera de l’esprit la vie éternelle. Ne nous lassons pas de faire le bien; en son temps viendra la récolte si nous ne nous relâchons pas». (Gal 6 :7-9)

Nous savons très bien dans notre jardin en arrière de la maison que nous ne pouvons pas récolter autre chose que ce que nous avons semé. Si nous semons des tomates, nous savons que nous récolterons des tomates; et nous savons très bien que si nous semons des chardons ou de l’herbe à puce, nous récolterons des chardons et de l’herbe à puce!

Commet se fait-il qu’une fois revenus en avant de la maison, nous ayons tout oublié les lois de la semence et de la récolte? C’est à croire que nous devrions mettre les jardins en avant des maisons afin que tout le monde sache les lois de Dieu dans la nature, de même que les résultats des efforts faits pour entretenir un beau jardin.

Aussitôt revenus en avant de la maison, nous oublions que notre âme est un jardin où pousse seulement ce que nous y semons, mais tout ce que nous semons. Nous partons en semant partout de mauvais désirs, de mauvaises pensées, de mauvaises paroles et de mauvaises actions. Nous semons à tout vent des jugements mauvais, des mépris, des médisances, des calomnies, des actes injustes, des critiques justifiées ou injustifiées. Nous semons la tristesse, l’angoisse, la rancune, la vengeance; nous semons notre orgueil, nos vices, notre égoïsme partout sur notre passage. Nous oublions complètement ce qui se passe dans le jardin en arrière de la maison; nous oublions que tout ce que nous avons semé autour de nous va pousser et grandir, et que la récolte s’en vient demain.

Nous oublions qu’après avoir semé médisances, calomnies, mensonges, injustices de toutes sortes que nous serons fatalement un jour en face de la récolte. Nous oublions aussi que nous récoltons toujours beaucoup plus que ce que nous avons semé : « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés; remettez, et il vous sera remis. Donnez, et l’on vous donnera; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu’on versera dans votre sein; car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour ». (Lc 6 38-38)

Mais n’y aurait-il pas moyen de semer dans nos âmes et dans les âmes des autres, autre chose que de la pourriture, autre chose que de l’herbe à puce, des chardons ou des épines?   L’Écriture nous dit : « Car le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est Justice, Paix et Joie dans l’Esprit-Saint». (Rom 14 :17)

Les fruits qui résultent de la semence d’une vie dans l’Esprit nous sont clairement indiqués par St-Paul : « Le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maitrise de soi; contre de telles choses, il n’y a pas de loi». (Gal 5 :22) Et St-Paul dit encore : « Les vrais Fils de Dieu sont animés par l’Esprit de Dieu ». (Rom 8 :14)

Pour récolter les fruits de l’Esprit, il faut semer dans l’Esprit et non dans la chair. Écoutons encore St-Paul: « On sait tout ce que produit la chair: fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haine, discorde, jalousie, emportements, disputes, discussions, scissions, sentiments d’envie, orgies, ripailles et choses semblables – et je vous préviens, comme je l’ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là; n’hériteront pas du Royaume de Dieu». (Gal 5:19-21) Par cette dernière phrase, St-Paul répète comme le Christ: « Rien de souillé n’entrera dans le Royaume des cieux».

Nous en avons assez pour bien comprendre les pensées à cultiver vis-à-vis du prochain; les actes à produire pour lui; les attitudes à prendre vis-à-vis de tout le monde; mais surtout vis-à-vis de ceux qui ont de grands besoins spirituels ou matériels. St-Jean dit: « Si quelqu’un dit: j’aime Dieu et qu’il déteste son frère, c’est un menteur: celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas ». (Jn 4:20)

C’est tout logique et tout simple si on comprend la parole du Christ: « tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites.» (Mt 25:40) Dieu et l’autre, c’est la même chose. En traitant le prochain comme si c’était le Christ, voici quels seront les résultats pour nous-mêmes: « Vous serez traités avec la même mesure avec laquelle vous aurez traité les autres». (Mt 7:2) Personne ne peut récolter autre chose que ce qu’il a semé et c’est juste!

Ce qui est merveilleux en cela, c’est que nous décidons nous-mêmes, par nos actes, la manière dont nous désirons être traités nous-mêmes. Dans nos champs et nos jardins, nous semons ce que nous voulons récolter; dans nos vies, si nous voulons une vie heureuse sur terre et de l’autre coté du voile, il nous faut déposer dans notre âme et dans l’âme du prochain, de bonnes semences seulement.

Il faut aussi découvrir les mille moyens de servir le prochain. Ce peut être un coup de main pour mouvoir une pierre, pour clouer une planche; ce peut être un sourire pour une personne triste; ce peut être une parole de Jésus pour réanimer une personne angoissée; ce peut être une prière pour aider, consoler, animer; ou une prière pour aider à sortir d’une situation embarrassante; ce peut être une messe pour un malade ou une communion à ses intentions ou une visite pour le réconforter; ce peut être un chapelet pour faire jaillir l’étincelle suffisante pour sortir d’un mauvais pas; ce peut être aussi une visite, une prière fervente pour la guérison d’un malade ou pour la conversion d’un jeune égaré que sa mère recherche avec amour, etc., etc.

Il y a mille moyens d’aider le Seigneur dans le prochain. C’est l’amour qui les fait découvrir. Cherchez et vous trouverez. Le Seigneur viendra à votre rencontre aussitôt que votre désir sera formé.