La Parole de Dieu

Septemmbre 1986 – Volume 2.9

La Parole de Dieu

La Parole de Dieu, voilà un grand trésor! Mais comme pour tous les trésors cachés, il faut le chercher, le trouver et l’exploiter. Il faut le méditer à la lumière de l’Esprit pour enfin le mettre en pratique parce qu’il contient un enseignement de vie : « Mes paroles sont esprit et elles sont vie » (Jn 6 : 63).

Le sérieux de la Parole de Dieu nous est assuré par Saint Paul: « Nous ne cessons de rendre grâce à Dieu de ce que, une fois reçue la Parole de Dieu que nous vous faisons entendre, vous l’avez accueillie, non comme une parole d’hommes, mais comme ce qu’elle est réellement, la Parole de Dieu » (1 Th 2 : 13).

Saint Pierre n’est pas moins explicite : « D’un cœur pur, aimez-vous les uns les autres sans défaillance, engendrés de nouveau d’une semence non point corruptible, mais incorruptible : la Parole de Dieu vivante et permanente. Car toute chair est comme l’herbe et toute sa gloire comme fleur d’herbe; l’herbe se dessèche et sa fleur tombe; mais la Parole du Seigneur est éternelle et demeure pour l’éternité. C’est cette Parole dont la Bonne Nouvelle vous a été portée » (1 P 1 : 22-25).

La semence

Un jour Jésus avait raconté la parabole du semeur. Les Apôtres s’étaient ensuite approchés de Jésus pour lui dire : « Pourquoi leur parles-tu en parabole? »  Jésus avait répondu : « C’est que, à vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume des cieux tandis qu’à ces gens-là cela n’a pas été donné. De la semence du semeur, une partie est tombée sur le chemin, dans les roches ou dans les épines. Celui qui a été semé en bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend; celui-là porte du fruit et produit tantôt cent, tantôt soixante, tantôt trente » (Mt 13 : 1-13).

Dans le même sens, Jésus exprime la solidité de la Parole de Dieu et ce qu’elle produit : « Quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison et elle n’a pas croulé : c’est qu’elle était fondée sur le roc » (Mt 7 : 24-26).

La Révélation

La Parole révèle Dieu. La révélation dévoile, manifeste ce qui était caché.   Dans l’Écriture, Dieu dévoile aux hommes ce qu’il est; il dévoile ses projets. Mais révéler peut aussi signifier : revoiler, voiler de nouveau. La révélation est un trésor caché et ce trésor divin ne se perçoit que progressivement par la méditation, la prière et l’esprit de Dieu. C’est l’Esprit de Dieu qui a inspiré l’Écriture et c’est l’Esprit de Dieu qui permet de la pénétrer et la comprendre : « Ce qu’elle est réellement : la Parole de Dieu » (1 Th 2 : 13).  Voyons ce que nous révèle cette Parole :

Dieu est le créateur de toutes choses

Dieu a fait pour nous des merveilles. Il nous a donné la terre, les plantes et les animaux comme nourriture. Il a mis le soleil pour nous réchauffer et féconder la terre et la pluie qui dissout les matières nutritives. Tout être vivant trouve sa nourriture et son logement selon ses nécessités. Le pou lui-même peut merveilleusement voyager à dos d’éléphant ou lentement à dos d’âne ou de bœuf. Il peut voyager même en avion sur la tête des hommes. Pour sa nourriture, il trouve sur place.

Et les fleurs, ce petit monde de beautés qui révèlent la puissance, la bonté et l’ordonnance parfaite des projets divins. Les oiseaux de tous types et de toutes couleurs charment nos yeux de leurs couleurs et de leurs mouvements gracieux. Ils charment nos oreilles de leurs chants mélodieux.

Toute la nature chante la gloire de Dieu. Et cette merveille qu’est l’homme! Seulement dans son cerveau, il y a quatorze milliards de cellules dont chacune a sa fonction précise par rapport à tout le corps.

L’Écriture nous révèle que Dieu est amour

Dieu si grand et si puissant aime ces tout petits que nous sommes : « Dieu est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ps 86 : 15). « Même si une mère abandonnait son enfant, moi je ne vous abandonnerai jamais » (Is 49 : 15). Même si l’enfant prodigue était parti loin de son père, l’amour du père n’avait pas varié. Quand l’enfant revint désabusé de la vie, il retrouva son père aussi aimant et bon qu’il l’avait laissé au moment de son départ vers un rêve plein de belles couleurs qui s’évanouirent dans un affreux cauchemar. Tout était fini! Non, tout commençait parce que l’amour vivifie, et l’amour c’est la vie, l’espoir, la force et le courage. Dieu aime et son amour est sans variation. Il recherche inlassablement les brebis perdues que nous sommes jusqu’à ce qu’il les retrouve toutes pour les nourrir et les rendre heureuses éternellement. « Je suis venu pour que les brebis aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10:10).

La Parole libère

« La vérité vous rendra libre » (Jn 8 : 32). Nous étions perdus et emprisonnés dans les ténèbres de l’erreur. Alors le Père aimant envoya son Fils unique pour nous révéler la vérité qui chasse les ténèbres de l’esprit; pour nous révéler la gloire qui nous attend si nous voulons marcher librement vers Dieu avec l’aide de Dieu.

La Parole veut nous libérer de toutes les illusions qui nous entourent et nous empêchent de percevoir les vraies réalités qui sont invisibles et éternelles. La Parole fait comprendre et percevoir ces vraies réalités qui demeureront quand le temps aura passé.

Le miroir de Dieu : La Parole vivante

Jésus c’est le miroir de Dieu : « Celui qui m’a vu a vu le Père »(Jn 14 : 9). Jésus est la porte de bercail : « Je suis la porte, personne ne va au Père que par moi » (Jn 14 : 6).

Il est la vie, il nous transmet la vie divine, comme le cep de la vigne transmet la vie aux sarments (branches). Jésus est la tendresse de Dieu qui se penche sur toutes les misères humaines de l’âme et du corps. Il guérit les corps malades comme celui du paralytique et il guérit les âmes malades comme celle de Madeleine, ou de la Samaritaine, comme celle de Matthieu ou celle du possédé de Gérasa. Il vient pour aider, pour soulager et réconforter parce qu’il est l’Amour.

Puis, à nous aussi il dit de faire de même si nous croyons en lui : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui croiront en moi : ils chasseront les démons en mon nom, ils imposeront les mains aux malades et ils seront guéris, ils parleront des langues étrangères » (Mc 16 : 17-18). Jésus nous dit que notre mission est la même que la sienne : « Je vous ai donné l’exemple pour que vous fassiez de même »  (Jn 13 : 15).

L’Écriture nous dit même que nous aussi nous sommes des fils de Dieu : « Jésus est le premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8 : 29). Les branches reçoivent la vie du tronc et sont de même nature. Saint Jean affirme : « Il nous a été donné par grâce d’être appelés fils de Dieu et, en réalité, nous le sommes » (1 Jn 3 : 1). Déjà, l’Ancien Testament révélait cette glorieuse destinée : « Vous êtes des dieux, vous êtes les fils de Dieu, vous tous » (Jn 10 : 34).

Jésus est lui-même la révélation du Père des cieux.    Il nous suffit de le regarder, de le voir agir, d’écouter ses paroles de vie pour que nos pensées changent et que nos actions deviennent des actions divinisées.

Il ne suffit pas de lire l’Évangile d’un travers à l’autre, ni même de le savoir par cœur; il faut le méditer pour en sortir des pensées claires qui animent par la suite toutes nos actions.

Notre destinée

Dieu révèle la destinée de ceux qui écouteront ses paroles et les mettront en pratique. « Les justes brilleront comme le soleil dans le Royaume de mon Père » (Mt 13 : 43).

Voici la destinée de ceux qui enseigneront à leurs frères la Parole divine : « Ceux qui enseigneront la vérité à beaucoup brilleront comme des étoiles au firmament » (Dn 12 : 3) Dieu est la lumière et nous sommes appelés à briller de sa propre lumière : « Il n’y aura ni soleil, ni lune pour les éclairer, l’Agneau seul sera leur lumière » (Ap 21 : 23).

Pour atteindre cette destinée bienheureuse, il faut devenir lumière par la connaissance de la vérité et il faut devenir amour par l’union à la volonté divine. « Celui qui fait ma volonté voilà celui qui m’aime…celui qui m’aime sera aimé de mon Père, nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure » (Jn 14 : 21-23).

Le temple de Dieu

La Parole nous révèle que déjà nous sommes les temples de Dieu sur la terre : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple de l’Esprit Saint? »  (1 Co 6 : 19). Comme il devait être beau et bien orné ce temple : « Le temple de Dieu est sacré et ce temple c’est vous » (1 Co 3 : 17). Comme il faut méditer ces merveilles de notre vocation divine; comme il faut s’en pénétrer pour que toute notre vie en soit illuminée : « Vous êtes la lumière du monde, que votre lumière brille devant les hommes afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5 : 16).

La lutte, la souffrance, la croix

La Parole nous révèle aussi que le « Royaume de Dieu n’est pas de ce monde » (Jn 18 : 36). Saint Paul affirme : « ceux qui veulent vivre religieusement auront à souffrir persécution » (2 Th 3 : 12). Jésus lui-même a bien averti les Apôtres de ce qui les attendait : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups…ils vous chasseront de leurs synagogues » (Mt 10 : 16-17). Il a de même averti les disciples qui voudraient se consacrer à cette mission. « Celui qui quittera son père, sa mère, ses frères…recevra le centuple en ce monde et des persécutions en plus » (Mc 10 : 29).

Il n’y a pas de communication entre Dieu et Baal, entre les ténèbres et la lumière (1 Co 6 : 14-15). C’est une lutte où la Vérité, la Lumière, finira par triompher : « C’est la volonté de mon père que tous les hommes arrivent à la connaissance de la Vérité et qu’ils soient sauvés » (1 Tm 2 : 4). Mais la Vérité ne triomphera pas sans nous; c’est librement que les hommes doivent accepter Dieu. Lui ne force personne. Il a confié à ses disciples d’aller porter l’Évangile jusqu’aux confins du monde. Si ce n’est pas fait, cela ne dépend pas de Dieu, mais de nous et de nous seuls. Jésus a bien dit : « les enfants des ténèbres sont plus habiles dans leurs affaires que les enfants de lumière » (Lc 16 : 8). Nous devrions avoir honte d’être si indolents et si lâches! Pourtant une si belle espérance est cachée derrière la mission du chrétien de vivre l’Évangile et de le proclamer : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux » (Mt 10 : 32).

Bien sûr, la proclamation de la Parole amène des complications dans le temps, mais elle procure un bonheur éternel. Jésus n’a rien caché, il en a fait une béatitude : « Bienheureux êtes-vous lorsqu’on vous insultera et que l’on dira toutes sortes de mal contre vous à cause de mon nom;  réjouissez-vous car votre récompense sera grande dans les cieux.   C’est ainsi qu’ils ont traité les prophètes qui sont passés avant vous » (Mt 5 : 11-12).

Quand nous réveillerons-nous? Quand prendrons-nous au sérieux la Parole de Dieu? Nous contenterons-nous de la lire sans la méditer et encore moins la mettre en pratique? Voici ce que dit Saint Jacques de ceux-là : « Accueillez humblement la Parole semée en vous et capable de vous donner la vie. Mettez-la en pratique. Ne vous contentez pas de l’écouter, ce serait vous faire illusion. Celui qui écoute la Parole sans la mettre en pratique est semblable, en effet, à un homme qui regarde son visage dans un miroir. Il s’observe, part, et oublie comment il était » (Jc 1 : 21-24).

L’Évangile est un livre de vie, un livre de méditation, un livre qui indique le chemin conduisant jusqu’à notre demeure éternelle. C’est une carte de route complète qui indique les obstacles à surmonter, le guide à suivre, les précipices à éviter. Là sont indiqués les ennemis à vaincre et les conseils pour en triompher. Il n’en tient qu’à nous de voyager en sécurité derrière celui qui a dit : « Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8 : 12).

L’Unité des chrétiens

Août 1986 – Volume 2.8

Le principe de la société

Dans une société bien organisée, il faut qu’il y ait des dirigeants qui travaillent selon des principes établis et qui orientent leurs actions dans une direction donnée. Un régime socialiste athée ne peut pas fonctionner avec les mêmes principes ni les mêmes moyens pratiques qu’une société capitaliste. Une démocratie vraie ne peut pas fonctionner de la même manière qu’un régime dictatorial. Un régime communiste est établi par la force en principe tandis que dans une démocratie les chefs sont élus par le peuple au suffrage universel.

Le Royaume de Dieu est une société à la fois naturelle et surnaturelle qui a des dirigeants et des principes de base que chaque membre doit comprendre et respecter. Ce royaume n’est pas une dictature et pourtant il a une direction unique ; il n’est pas une démocratie, pourtant tous les membres sont des êtres libres qui doivent y adhérer librement et suivre librement les principes établis dans le royaume. Dans ce royaume, les principes sont énoncés, et ils sont proposés à tous les sujets. Ceux-ci doivent les étudier, les méditer et les comprendre pour pouvoir les mettre en pratique dans leur vie.

Ce royaume est naturel et surnaturel. Par la suite, il a un dirigeant spirituel : un Roi.  Pour l’application de ces lois, il ne compte que sur leur amour. C’est un Roi d’amour et il veut que ce soit l’amour qui régisse tout son royaume. Ce Roi d’amour s’est fait serviteur pour mieux aimer ses sujets qu’il appelle ses frères parce qu’il leur a communiqué sa propre vie. Il invite ses sujets à faire de même. Ce royaume a aussi des dirigeants naturels, visibles, qui doivent comprendre et suivre les principes énoncés par le Roi spirituel, invisible sur la terre. Il veut que les dirigeants naturels, visibles, fonctionnent selon les mêmes principes que lui : « Ne commandez pas comme font les chefs des nations qui imposent leur autorité et font sentir leur domination, mais commandez en étant les modèles du troupeau » (1 P 5:1-4). Le Roi invite les dirigeants à se faire petits et humbles comme lui : « Que celui qui veut être le plus grand parmi vous, qu’il soit comme le dernier et le serviteur de tous » (Mt 20:26-28).

Dans ce royaume, le plus petit peut être le plus grand ; le plus humble, celui qui se fait davantage serviteur peut être bien plus important que les chefs visibles et bien plus grand que lui : « Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers » (Mt 20:16).

Le principe fondamental du royaume

Le principe fondamental du Royaume ; c’est l’Amour. C’est l’amour qui est le roi dans l’invisible et c’est lui qui doit régir le Royaume de Dieu visible sur la terre. « Dieu est amour » (1 Jn 4:8), nous dit l’Écriture. Il ne peut pas établir un autre royaume que ce qu’il est lui-même. L’arbre produit des fruits selon sa nature et tout ce que Dieu fait porte la marque de l’amour.

Dieu nous a créés par amour afin que nous soyons heureux éternellement avec lui dans un bonheur sans failles ni fins. Sa Providence conserve toutes choses par amour ; Dieu aime tout ce qu’il a fait. Par amour, Dieu nous a communiqué sa vie divine afin que nous soyons ses enfants bien-aimés. Avec la chute, le péché, nous nous étions séparés de Dieu, nous avions perdu la vie divine. Mais Dieu continuait à aimer ses enfants perdus, égarés ; il cherchait le moyen de les libérer des chaînes de l’esclavage où ils étaient tombés. C’est le père de l’enfant prodigue qui n’a pas cessé d’aimer son enfant et qui l’attend toujours. Pour nous sortir de notre égarement, il a envoyé des prophètes nombreux et, pour finir, il a envoyé son propre fils afin qu’il soit sa présence visible sur la terre : une présence d’amour, une présence d’espérance, de paix et de vérité.

Le fils sauveur

Le Fils sauveur vient refaire l’unité perdue par la séparation d’avec Dieu. Il vient redonner la vie divine à ses enfants. Mais auparavant, il a voulu leur expliquer la vérité afin que, librement, ils puissent croire et décider eux-mêmes d’entrer dans le royaume. Dieu nous a créés libres et il veut que librement et intelligemment nous puissions le suivre et décider notre bonheur éternel après avoir compris.

Pour cela, il a donné la vérité et il l’a expliquée de façon compréhensible. « Celui, dit-il, qui comprend ces choses et qui les met en pratique, celui-là sera grand dans le Royaume des cieux » (Mt 5:19). Dans ce Royaume des cieux les théories seules ne donnent rien. Ce sont les œuvres, les actions qui comptent. Il insiste sur la pratique : « Je vous ai donné l’exemple pour que vous fassiez de même » (Jn 13:15). Ou encore : « Vous êtes la lumière du monde, que votre brille devant les hommes afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est aux cieux » (Mt 5:16).

Après avoir donné la vérité, l’avoir expliquée de toute manière, il invite ses disciples à regretter leur vie de péché, à recevoir la vie nouvelle pour ensuite agir comme des fils de Dieu qui se préparent une éternité de bonheur, après une courte vie de quelques années.

Le but du royaume

Le but de Dieu est d’établir sur la terre un Royaume entièrement motivé et régi par l’amour. Jésus aimait son Père infiniment, sa volonté était parfaitement unie et fusionnée avec celle de son Père. « Mon Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10:30). Jésus nous invite à la même unité de pensées, de vue et de volonté : « Père saint, qu’ils soient UN en moi comme toi et moi nous sommes UN ».

La méthode de construction du royaume

Jésus n’a donné qu’une méthode pour étendre le royaume à toute la terre : « Allez annoncer l’Évangile, faites des disciples de toutes les nations, baptisez-les, enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai dit » (Mt 28:19).

Un disciple est celui qui écoute l’enseignement, qui essaie de le mettre en pratique en suivant les exemples de son maître. Dans le royaume, celui qui dirige d’autres disciples, à tous les niveaux, doit lui-même mettre en pratique ce qu’il veut faire comprendre aux autres. L’enseignement n’a pas d’utilité sans la pratique. On le voit bien dans ce que Jésus dit à propos des Pharisiens : « Ils sont assis sur la chaire de Moïse ; faites tout ce qu’ils vous disent, mais ne vous réglez pas sur leurs actes ; ils disent mais ne font pas » (Mt 23:3). Ailleurs, Jésus dit que les Pharisiens sont des « sépulcres blanchis à l’extérieur, mais pleins de pourriture à l’intérieur » (Mt 23:27-28).

La pensée constructive

C’est la pensée qui détermine les actions. Pour pouvoir vivre comme un chrétien, comme un vrai chrétien, il faut avoir les pensées de Dieu. Jésus nous a communiqué les pensées de Dieu dans l’Évangile. Comme les pensées déterminent les actions, il est d’une extrême importance de bien connaître l’Évangile, de le méditer, d’en parler avec d’autres et de commencer à mettre en pratique ce que l’on a compris. La foi nous indique le chemin ; elle permet de comprendre suffisamment pour se diriger en sécurité, mais la connaissance ne vient qu’après avoir mis en pratique ce que la foi nous a indiqué. Dans la foi, comme pour nos agissements naturels, il nous faut nous faire une idée claire du but à atteindre, des moyens à prendre et des actes à poser pour agir intelligemment et librement.

La nourriture de l’âme

De même que le corps a besoin de se nourrir, il en est ainsi de l’âme. L’âme peut se nourrir de plusieurs façons. La première et la plus efficace est l’Eucharistie. C’est la nourriture par excellence des Fils du Royaume. Dieu est amour et c’est par amour que Jésus est resté avec nous. Voilà le sacrement par excellence : Dieu qui se donne en nourriture pour que nous devenions dieux nous aussi. De même que l’enfant se développe progressivement, ainsi l’âme se développe progressivement. L’enfant ne mange pas qu’une fois pour grandir, il mange tous les jours. De même, il ne suffit pas de communier une seule fois dans sa vie pour grandir jusqu’à la plénitude de la vie. Jésus veut que nous arrivions à la perfection même si nous en sommes encore très loin : « Je suis venu pour que les brebis aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10:10).

L’Eucharistie demande un acte de foi pour nos yeux matériels et pour notre intelligence. C’est le même acte de foi que devait faire Marie devant l’enfant qu’elle avait elle-même fabriqué. Elle devait reconnaître en lui le Fils de l’Éternel et le créateur du monde. C’est le même acte de foi que devaient faire les contemporains de Jésus pour reconnaître le Fils de Dieu dans l’homme qu’ils avaient devant eux. Ceux qui n’avaient pas la foi n’y voyaient qu’un pécheur et un perturbateur. C’est la foi seule qui nous manifeste la présence de Jésus dans l’Eucharistie.

L’Esprit Saint

Dans une vie de chrétien, l’Esprit Saint a un rôle vital. Saint Paul nous dit : « L’amour divin est diffusé dans nos cœurs par l’Esprit Saint ».  Pour les fils du royaume de l’amour,  il est donc d’une importance capitale de prier souvent l’Esprit Saint qui est l’amour dans la Trinité.

De plus, l’Esprit Saint a un rôle majeur dans la compréhension de la Vérité : « Je vous enverrai mon Esprit, il vous révélera toutes choses, il vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous conduira jusqu’à la vérité entière » (Jn 14:26 ; 16:13).

Il est impossible de comprendre la pensée de Dieu et l’Évangile sans l’aide de l’Esprit Saint. Voilà pourquoi la prière à l’Esprit Saint est si importante : « Il vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous conduira jusqu’à la Vérité entière » (Jn 14:26 ; 16:13).

Marie la mère des fils du royaume

En donnant naissance à Jésus, Marie est aussi devenue notre Mère. Quand un arbre produit une graine, cette graine contient tout à la fois le tronc de l’arbre et les branches. Marie est donc notre mère comme Jésus est notre père et notre frère. « Jésus est le premier d’une multitude de frères » (Rm 8:29).

Marie donne la vie à ses enfants, les éduque, les corrige, les encourage, les relève et travaille à leur avancement jusqu’à la perfection. Pour les enfants faibles que nous sommes, c’est une chance exceptionnelle d’avoir une mère si bonne, si miséricordieuse et si puissante sur le Cœur de Dieu.

Conclusion

L’unité que nous trouvons en Dieu et dans son plan merveilleux de salut, nous devons la retrouver entre tous les disciples du Christ : « Père qu’ils soient un en moi comme toi et moi nous sommes UN » (Jn 17:21).

L’unité entre les chrétiens ne peut se faire que par l’amour, autour de Jésus, notre modèle et notre vie ; elle ne peut se faire sans l’Esprit Saint, sans Marie et sans participer au même repas de vie : l’Eucharistie ; elle ne peut se faire qu’en étudiant le même Évangile de vie : « Ayez tous un même sentiment » (Ph 2:1,2).

Le Temple Intérieur

Juillet 1986 – Volume 2.7

Le temple intérieur

Qui n’est pas heureux d’entrer dans une église propre et bien ornée? Qui n’est pas heureux d’y trouver un beau tabernacle, une belle statue du Sacré-Cœur qui représente l’amour incarné sur la terre? Qui n’est pas heureux d’y trouver une belle Vierge représentant l’Immaculée, la Mère de l’Église et de chaque chrétien?

Mais la Parole incarnée il y a deux mille ans était-elle déjà incarnée dans le cœur des justes, des hommes bons en grâce avec Dieu? Ouvrons l’Ancien Testament : « C’est inutile d’envoyer un messager de l’autre côté de l’océan pour te rapporter le message de Dieu; c’est inutile de le faire monter au-delà des nuages pour te rapporter son message. Non! La Parole de Dieu, elle est dans ton cœur pour que tu la médites et la mettes en pratique » (Dt 30:12-14).

Est-ce assez de quatre mille ans et peut-être bien d’autres milliers d’années pour que nous comprenions que nous sommes le vrai temple de Dieu sur la terre? « Dieu n’habite pas dans les temples faits de mains d’homme » (Ac 17:24). Mais il habite dans l’âme et le cœur de ceux qui l’aiment. Jésus nous le dit clairement : « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père, nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure » (Jn 14:23). Saint Paul est très explicite aussi : « Ne savez-vous pas que vous êtes les temples de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? » (1 Co 3:16). Ou encore : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit? » (1 Co 6:19). Aux Corinthiens, il écrit : « Le temple de Dieu est sacré et ce temple c’est vous » (1 Co 3:17). Jésus lui-même disait aux juifs : « Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours » (Jn 2:19).

Le temple de Dieu sur la terre

Que nous soyons le temple de Dieu sur la terre est une merveille! Nous sommes le temple de celui qui a créé tous les mondes, nous sommes sa demeure sur la terre. Le Tout-Puissant est celui qui a accroché au ciel le soleil, la lune et des milliards d’étoiles réparties en des millions de galaxies. Notre seule galaxie que nous appelons la Voie lactée contient à elle seule plusieurs mille millions d’étoiles et nous sommes bien loin d’en être le centre. Nous sommes dans la banlieue de notre galaxie!

Nous sommes le temple de celui qui est l’Amour, l’amour infini, la miséricorde infinie. Et cette miséricorde est tellement vaste et illimitée qu’il veut entraîner dans la gloire éternelle tous les hommes de la terre : « C’est la volonté de mon Père que tous les hommes arrivent à la connaissance de la Vérité et qu’ils soient sauvés » (1 Tm 2:4).

Quelle incroyable vocation est la nôtre! Il y a deux mille ans, le Fils de Dieu s’incarnait dans un vrai homme. Il naissait dans une étable et non pas dans un palais. L’étable ne dérangeait guère Jésus; ce qu’il cherchait ce sont des temples vivants illuminés par la lumière de la foi et dorés avec l’or de l’amour. Ces temples vivants étaient : Marie Immaculée, Joseph le chef de la première Église et les bergers remplis de foi qui coururent rencontrer le rédempteur promis depuis des siècles. Voilà les temples que le Verbe Dieu cherchait.

La purification du temple

Comme nous sommes heureux d’entrer dans une église propre! Si l’église est propre pour que tout le monde y soit bien, combien plus notre temple intérieur doit-il être beau, propre et bien orné pour que Dieu y soit à son aise!

Quand une église a été profanée, on fait par la suite une cérémonie de purification de cette église. Avant notre baptême, nous étions des temples profanés, souillés et remplis de toutes sortes d’immondices; nous étions endettés depuis la première faute. Nous avions besoin de purification, de rachat, de nettoyage. Avec le baptême, toutes les fautes sont pardonnées, la vie divine nous est communiquée, non pas une vie de quelques années, mais une vie éternelle qui ne finira jamais.

Mais cette vie éternelle peut être perdue, le temple intérieur peut être profané. Les voleurs ont pu y pénétrer et tout mettre sens dessus dessous. Il faut chasser ces voleurs et bien garder la maison.

Quand Jésus chassa les voleurs du temple, il s’écria : « il est écrit : ma maison est une maison de prière, mais, vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Puis Jésus chassa tous les vendeurs et acheteurs qui s’y trouvaient. Il culbuta les tables des changeurs ainsi que les sièges des marchands de colombes » (Mt 21:12-17).

Le temple de nos âmes et de nos corps n’est-il pas souvent devenu une caverne de voleurs, un temple païen où sont adorés et vénérés de faux dieux? Qui sont donc ces voleurs qui nous ravissent nos biens spirituels, qui enlèvent de notre âme ce qui en fait l’ornementation et la beauté?

Celui qui souille son âme hors de son foyer et qui commet l’adultère a livré son corps et son âme au mal qui est l’ennemi de Dieu. Celui qui garde de la haine volontairement pour son frère est le meurtrier de son frère, nous dit Saint-Jean. Et le temple est profané par une abomination. Celui qui a volé les biens de son prochain lui a peut-être enlevé son pain quotidien. C’est à Jésus qu’il l’a fait : « Tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25:40).

Celui qui s’est mis en colère et a blessé son prochain et l’a rendu infirme a prononcé contre lui-même un terrible jugement. Celui qui se laisse dominer par l’orgueil essaie de s’élever lui-même au-dessus des autres. Plus il s’élèvera, plus sa chute sera terrible. Si le temple est souillé, les idoles prennent la place de Dieu. L’idole ce peut être l’argent, les biens matériels pour lesquels on peut travailler toute une vie. Ce faisant, on a renoncé à sa demeure dans le royaume. L’homme qui a trompé une femme fidèle pour suivre une autre idole a fermé le passage qui conduit à la Vie. Celui qui a tué son prochain par vengeance s’est tué lui-même; il a sacrifié sa propre vie éternelle. Seuls le repentir, le pardon et la réparation peuvent ouvrir de nouveau la porte qui donne sur la vie. Là-haut, ce sont les œuvres qui déterminent le bonheur ou le malheur. « Je mets devant toi la vie ou la mort, le bonheur ou le malheur, choisi! » (Dt 11:26). Saint Paul dit : « Ne formez pas d’attelage disparate avec des infidèles. Quel rapport en effet entre la justice et l’impiété? Quelle union entre la lumière et les ténèbres? Quelle entente entre le Christ et le Béliar? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle? Quel accord entre le temple de Dieu et les idoles? Or c’est nous qui sommes le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu l’a dit : « J’habiterai au milieu d’eux et j’y marcherai; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et tenez-vous à l’écart, dit le Seigneur. Ne touchez rien d’impur, et moi, je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant » (2 Co 6:14-18).

Les petits voleurs

Ceux-là font moins de tapage, ils emportent moins de choses à la fois et semblent tellement inoffensifs qu’on peut vivre avec eux sans se chicaner. Pourtant ils absorbent une grande quantité de nos énergies et de nos pensées. Ils sont subtils et habiles si bien qu’on trouve de bonnes raisons pour justifier leur présence auprès de nous. On n’a même pas envie de les chasser.

Les petits voleurs, ce peut être la T.V. ouverte à longueur de la journée. Avec la T.V. toujours ouverte, on n’a pas besoin de faire l’effort de penser, de réfléchir. Il faut en avoir une aussi dans la cuisine, autrement la ménagère perdrait une partie de programmes et elle ne saurait plus quoi penser. Et le soir pour ne rien perdre de la veillée, il faut mettre une T.V. dans la chambre des enfants et une autre dans leur salle de jeu. On n’a pas besoin d’éduquer les enfants, la T.V. s’en occupe!

Les petits voleurs, ce peut être des « partys » multipliés qui ne rapportent rien à l’âme. Ce peut être la danse également répétée qui empêche de penser à l’essentiel. Ce peut être le cinéma trop fréquenté, ce peut être la brasserie, la consommation exagérée de bière; sports exagérés, la musique de mauvaise qualité, ce peut être encore les multiples cours sur toutes sortes de sujets qui ne sont pas mauvais, mais qui n’apportent à peu près rien sur le plan de l’esprit et de la pensée. La semaine dernière, je voyais un disciple qui commençait avec enthousiasme un cours sur la pensée positive. Je lui ai demandé s’il avait compris ce qu’on lui avait dit sur la pensée claire qui se réalise toujours. Il a répondu : « Je ne m’en souviens plus ».

Nous cherchons en dehors de nous des réponses toujours faites qui vont nous exempter de faire des efforts pour nous dominer nous-mêmes, pour nous orienter sur le bon chemin avec une conduite saine et intelligente.

Si j’ai oublié des voleurs, veuillez les ajouter sur ma liste! Nous avons chacun nos voleurs à chasser et personne ne peut le faire à notre place.

Comment chasser les voleurs?

La première chose est de bien identifier les voleurs, ensuite, il faut une volonté ferme pour les chasser. Il faut réussir à tout prix. Jésus nous a donné une recette pénible, mais efficace : « Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; mieux vaut pour toi entrer borgne dans la Vie que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu » (Mt 18:9). Et Jésus continue : « Si ta main ou ton pied sont pour toi une occasion de péché, coupe-les et jette-les loin de toi » (Mt 18:8).

Voilà une méthode qui est vraiment efficace! Si tout le monde suivait cette méthode, il n’y aurait pas beaucoup de péchés, mais beaucoup d’assistés sociaux!

Il existe une méthode plus douce et efficace que l’Église a appelé la fuite des occasions. Ma mère m’a enseigné cela quand j’avais moins de dix ans. Nous nous amusions bien avec les voisins à toutes sortes de jeux; mais l’ambition et l’orgueil étaient cause de conflits. Il y en a qui ne voulaient pas admettre que j’avais raison et je revenais souvent à la maison en « braillant ». Invariablement, ma mère me disait : « C’est de ta faute Laurent, n’y va pas, toutes les fois que tu y vas tu te chicanes. N’y va pas! Passe loin! Il n’y aura pas de danger ». Ce « passe loin » m’a servi toute ma vie. C’est beaucoup plus facile d’éviter une tentation quand on est loin. Tout le monde comprend qu’il est plus facile de ne pas boire à un mille de la brasserie que lorsqu’on est assis avec des compagnons autour d’une table à la taverne avec trois bouteilles rendues sur la table!

L’ornementation du temple

Maintenant que le ménage est fait, il faut penser à orner le temple.

Le temple va s’orner progressivement par toutes les bonnes actions offertes à Dieu surtout les actions qui sont un service au prochain. Toute œuvre bonne peut être bien faite et offerte à Dieu. Saint Paul ne dit-il pas : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites tout pour la gloire de Dieu »? (1 Co 10:31). Le travail par lui-même n’est pas une prière, il faut qu’il soit offert pour avoir un mérite surnaturel. Un athée qui est mécanicien peut être plus compétent qu’un chrétien, mais son travail lui-même n’est pas une prière.

L’ornementation du temple commence par les pensées. Ici, s’applique le conseil de Saint Paul : « Frère, tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper. Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et constaté de moi, voilà ce que vous devez pratiquer. Alors le Dieu de la paix sera avec vous » (Ph 4:8,9).

La merveille c’est que les bonnes actions suivent automatiquement les bonnes pensées comme les mauvaises actions suivent les mauvaises pensées. Tous les désirs, toutes les pensées, toutes les paroles et les actions sont des semences et un jour nous serons face à la récolte. C’est à nous de semer dans le jardin de notre âme tout ce que l’on veut y voir germer à l’avenir.

L’or du temple

Pour orner une église, rien n’est si beau que de l’or. Il en est de même pour le temple intérieur. Ici l’or c’est l’amour. Chaque acte d’amour pour le prochain fait monter immédiatement notre degré de vie spirituelle, notre gloire dans le ciel et notre rayonnement sur les autres. C’est la seule vertu qui fait monter immédiatement la vie spirituelle. Voilà l’or du temple divin où le Seigneur sera à son aise puisqu’il est venu établir le Royaume de l’amour sur la terre.

À chacun de bâtir et d’orner la demeure qu’il veut habiter dans le ciel au milieu de la Jérusalem céleste.

Ce merveilleux temple doit être le temple du silence. On ne parle pas dans une église et on ne se présente pas avec des pensées mauvaises. Le temple doit rester propre. Il ne faut pas faire de l’ombre sur les voisins avec des pensées basses qui sont comme la fumée noire qui empêche de bien voir et qui salit. Il est écrit : « Ma maison est une maison de prière ».

Saint Pierre parle des ennemis intérieurs : « L’intelligence en éveil, soyez sobres et espérez pleinement en la grâce qui doit vous être apportée par la Révélation de Jésus Christ. En enfants obéissants, ne vous laissez pas modeler par vos passions de jadis, du temps de votre ignorance. Mais, à l’exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit : « Vous serez saints, parce que moi, je suis saint » (1 P 1:13-16).

Bienheureux les coeurs purs

Juin 1986 – Volume 2.6

Bienheureux les coeurs purs, ils verront Dieu

Dans la Charte du Royaume de Dieu il y a une béatitude qui peut faire de longues méditations : « Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5:8).

À quoi se réfère l’expression : « Cœurs purs ». On considère le cœur comme siège de l’amour. Le Seigneur veut donc dire ici : « Vers quoi se dirigent nos amours ? » Si vos amours sont dirigés vers le bien, vos pensées seront bonnes et dirigées vers le bien; si par contre votre cœur a des amours mauvaises, vos pensées seront mauvaises et dirigées dans le même sens. Alors votre volonté orientera les gestes et les actions dans la même direction.

Jésus a parfaitement montré la relation entre les pensées et les actions : « C’est du dedans du cœur des hommes que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme » (Mt 15:19).

En français, cela veut dire que toutes nos actions et tous nos gestes sont d’abord fabriqués à l’intérieur de l’âme avant de se manifester au-dehors. Autrement dit : les pensées sont des actions qui ne sont pas encore matérialisées, ou pas encore manifestées à l’extérieur. Quelqu’un peut garder secrètement en son cœur une pensée de haine pendant des années, mais cette pensée ne sera visible qu’au moment où la vengeance sera réalisée, c’est-à-dire quand elle sera passée à l’acte.

Celui qui garde volontairement une pensée de vengeance finira par se venger au moment où l’occasion se présentera. Mais si en cours de route, il change d’idée et décide de pardonner à celui qui l’a offensé, l’acte sera supprimé puisque la source de l’acte sera tarie.

Les mauvaises pensées produisent de mauvaises actions et les bonnes pensées produisent de bonnes actions. On comprend pourquoi l’Église a toujours condamné les mauvaises pensées et demandé à ses fidèles de les chasser rapidement. Si la source des actions est mauvaise, les actions qui s’en suivront seront mauvaises.

PURIFICATION

Jésus nous invite donc à la purification des désirs et des pensées : « Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu ». Que veut dire : « ils verront Dieu? » Évidemment comme le dit Saint-Jean : « Dieu, personne ne l’a jamais vu » (Jn 1:18). Nos yeux de chair ne peuvent rien voir de ce qui est spirituel, ils ne voient que la matière. Pourtant celui qui a la foi pourra voir et connaître Dieu dans ses frères. Il se rappellera la parole de Jésus : « Tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » (Mt 25:40). Il se souviendra aussi de : « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas » (Jn 4:20). C’est la foi qui nous permet de voir dans la dimension spirituelle. C’est elle qui guide nos pensées et nos actions. Saint Paul nous invite également à cette purification de nos pensées : « Frères, tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper (faire l’objet de vos pensées). Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que vous devez pratiquer. Alors le Dieu de la paix sera avec vous » (Ph 4:8,9).

Saint Paul veut apprendre à ses disciples à penser correctement pour agir ensuite comme de vrais chrétiens.

L’ACTION DES MAUVAISES PENSÉES

Prenons un exemple bien connu pour montrer la relation étroite et directe entre les mauvaises pensées, les mauvais désirs et les mauvaises actions. Considérez les Pharisiens qui voyaient en Jésus un ennemi dangereux, dangereux pour leur enseignement et menace pour leur position sociale et leur situation financière. Pour leur enseignement, Jésus a été sévère : « Vous mettez de côté la Parole de Dieu au nom de vos traditions » (Mt 15:6). « Ce sont des paroles d’hommes qu’ils enseignent » (Mt 15:9). Ayant d’autres pensées que celles de Dieu, les Pharisiens n’agissaient plus conformément à la Parole de Dieu : « Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les Pharisiens : faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas » (Mt 23:2). Ou encore : « Malheur à vous Pharisiens hypocrites qui payent la dîme de la menthe et du cumin et qui négligent les principaux devoirs de justice, de miséricorde et de bonne foi » (Mt 23:23). Ces paroles étaient très dures pour les Pharisiens, surtout que Jésus s’adressait à ce moment-là à la fois aux foules et aux disciples.

LA RÉPONSE DES PHARISIENS

Rien de surprenant alors que les Pharisiens ont fait surgir dans leurs âmes souillées des désirs de vengeance, des projets de destruction et de mort et des pensées mauvaises de toutes sortes. Comme les Pharisiens entretenaient constamment ces mauvaises pensées et qu’ils les discutaient entre eux en toutes occasions, ces pensées ne pouvaient pas ne pas se réaliser. L’esprit humain est si fertile qu’il peut démontrer n’importe quoi. Voilà ce qu’on a pu trouver pour condamner Jésus à mort : 1ère : C’est un blasphémateur puisqu’il s’est dit le fils de Dieu . En conséquence, il mérite la mort. 2e : Il ne sait pas reconnaître une prostituée, ce n’est donc pas un prophète. 3e : On voit bien, dirent-ils, que tu es un possédé. 4e : Il mange avec les publicains et les pécheurs. Tout le monde sait que ce qui se ressemble s’assemble. C’est donc un pécheur. C’est-ce qu’ils affirmèrent devant l’aveugle-né : « nous, nous savons que c’est un pécheur » (Jn 9:24). 5e : C’est un type qui fait des sciences occultes, « il est en contact avec le chef des démons, c’est pour cela qu’il peut chasser les démons » (Mt 9:34).

Les Pharisiens ne savaient sans doute pas que « les mauvaises pensées viennent du cœur » et que leurs pensées révélaient aux yeux de tous que leur âme était une sale boîte aux vidanges. C’est sans aucune gêne que Jésus les apostropha en disant : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui ressemblent à des sépulcres blanchis : au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d’ossements de morts et de toute pourriture; vous de même, au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l’apparence de justes, mais au-dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Mt 23:27-29).

Les mauvaises pensées des Pharisiens se réalisèrent; leur haine et leurs passions les ont conduits à tuer celui qui leur apportait la vie. En tuant la Vie, c’est eux-mêmes qu’ils ont placés sur l’autel de la destruction. Ils avaient crié devant Pilate : « Que son sang retombe sur nous et nos enfants » (Mt 27:24). Trente ans plus tard arrivaient les armées romaines qui les massacrèrent sans pitié : « eux et leurs enfants ». La justice de Dieu est inexorable pour ceux qui refusent la miséricorde. Voyons maintenant quelles étaient les pensées de Jésus et ses actions.

LES PENSÉES DU CŒUR DE JÉSUS

Déjà dans l’Ancien Testament, nous découvrons la pensée de Dieu. « J’écoute en mon cœur ce que dit le Seigneur. Et ce qu’il dit c’est la Paix » (Ps 85:9). « Mes pensées sont des pensées de paix et non de malheur » (Jr 29:11). Dieu annonce qu’il vient pour faire la paix avec nous. Nous étions en révolte contre lui; nous étions en guerre avec lui et lui vient pour faire la paix en payant nos dettes de guerre. C’est la rédemption, le rachat des esclaves du péché.

Jésus dont le nom signifie sauveur vient pour sauver. Au dîner chez Matthieu avec les publicains, les Pharisiens se scandalisent et disent aux Apôtres : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs? » Tout de suite Jésus reprend en livrant tout le fond de sa pensée et le sens de sa mission : « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mt 9:10-13).

Nous retrouvons la même pensée de Dieu dans la parabole de l’enfant prodigue. C’est le père qui reçoit son enfant égaré en lui ouvrant ses deux bras, son cœur et sa maison. Dès que le pécheur a un désir de revenir à Dieu, celui-ci court au-devant de lui et fait quatre-vingt-dix-neuf pas pendant que le pécheur en est encore à son premier pas seulement.

La pensée de Dieu ne change pas. Dieu n’est pas un homme. Nous lisons dans l’Ancien Testament : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ps 86:15). Les mauvaises pensées viennent du cœur, mais également les bonnes. « Un arbre bon porte de bons fruits et un arbre mauvais porte de mauvais fruits » (Mt 12:33).

Dieu est amour et sa manifestation parfaite sur la terre ne pouvait pas être autre chose que l’amour. Jésus vient pour aider, « pour sauver ce qui était perdu ». Jésus ne vient pas pour juger et condamner, il vient pour relever le pécheur et l’aider à remonter jusqu’à lui. Il va jusqu’au sacrifice de sa vie pour démontrer son amour, après avoir passé sa vie à libérer les âmes par la vérité et à guérir les corps meurtris.

Il vient établir le Royaume de Dieu, le Royaume de l’amour. « Si mon Royaume était en ce monde, j’aurais des soldats pour me défendre », dit Jésus à Pilate. Au jardin des Oliviers, alors que Pierre dégainant son épée avait coupé l’oreille d’un serviteur du grand prêtre, Jésus lui dit : « Rengaine ton glaive; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Penses-tu que je ne puisse faire appel à mon Père qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges? Mais comment s’accompliraient les Écritures : il a été compté parmi les scélérats » (Mt 26:52-54) (Lc 22:37).

Les pensées de Dieu sont des pensées d’amour, de paix, de tendresse et de pitié. Mais Jésus nous dit : « Je vous ai donné l’exemple pour que vous fassiez de même » (Jn 13:15).

 

ET NOUS?

Pensons-nous que nous arriverons à la gloire par un autre chemin que Jésus? Si nous avons à souffrir quelque chose, cela ne nous plaît pas; cela ne plaisait pas à Jésus non plus. Au jardin des Oliviers il disait : « Père si c’est possible, que ce calice s’éloigne de moi, mais que ce soit ta volonté qui se fasse et non la mienne » (Lc 22:42). Quand on nous critique, oublions-nous que Jésus a été poursuivi dans toutes les synagogues par les Pharisiens et les prêtres du temps? Oublions-nous qu’il a bien averti ses Apôtres : « je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » (Mt 10:16). Serait-ce pour se faire flatter? Si nous sommes des lâches, nous refuserons de suivre le Christ jusqu’au Calvaire en espérant quand même la résurrection. Illusion ! Jésus a été clair : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il se renonce, qu’il prend sa croix et qu’il me suit » (Lc 9:23). Voilà le chemin !

Pardonner, c’est dur, mais Jésus dit de pardonner soixante-dix fois sept fois à son frère. Il ajoute : « Si vous ne pardonnez pas aux autres leurs offenses, votre Père non plus ne vous pardonnera pas » (Mt 18:35).

Jésus a dit : « Ne jugez pas vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas, vous ne serez pas condamnés » (Lc 6:36). Pourquoi a-t-il dit cela? C’est parce qu’on récolte infailliblement ce que l’on sème et tout ce que l’on sème. Un jour ou l’autre, nous serons surpris de rencontrer des malheurs; nous serons tout surpris de rencontrer des broussailles et des épines. Nous aurons oublié qu’un jour nous avons semé de mauvaises graines qui ont germé et porté des fruits. « Un arbre mauvais ne peut pas porter de bons fruits » (Mt 7:18).

Le Royaume de Dieu est le Royaume de l’amour. C’est jour par jour, avec de toutes petites choses, que l’on peut croître dans l’amour et donc nous diviniser. Il faut pour cela adopter les pensées et les vues de Jésus. Ainsi nous purifierons les nôtres et nos actions se purifieront. « La route est étroite qui conduit à la vie et il y en a peu qui la trouvent » (Mt 7:13).

Serons-nous de ceux qui montent jusqu’au sommet ou rebrousserons-nous chemin avec la multitude qui s’en va à la perdition? Personne ne peut décider pour nous, pas même Dieu. « Je mets devant toi le bien et le mal, la vie et la mort, le malheur ou la bénédiction. Choisis ! » (Dt 11:26).