L’Unité des chrétiens

Août 1986 – Volume 2.8

Le principe de la société

Dans une société bien organisée, il faut qu’il y ait des dirigeants qui travaillent selon des principes établis et qui orientent leurs actions dans une direction donnée. Un régime socialiste athée ne peut pas fonctionner avec les mêmes principes ni les mêmes moyens pratiques qu’une société capitaliste. Une démocratie vraie ne peut pas fonctionner de la même manière qu’un régime dictatorial. Un régime communiste est établi par la force en principe tandis que dans une démocratie les chefs sont élus par le peuple au suffrage universel.

Le Royaume de Dieu est une société à la fois naturelle et surnaturelle qui a des dirigeants et des principes de base que chaque membre doit comprendre et respecter. Ce royaume n’est pas une dictature et pourtant il a une direction unique ; il n’est pas une démocratie, pourtant tous les membres sont des êtres libres qui doivent y adhérer librement et suivre librement les principes établis dans le royaume. Dans ce royaume, les principes sont énoncés, et ils sont proposés à tous les sujets. Ceux-ci doivent les étudier, les méditer et les comprendre pour pouvoir les mettre en pratique dans leur vie.

Ce royaume est naturel et surnaturel. Par la suite, il a un dirigeant spirituel : un Roi.  Pour l’application de ces lois, il ne compte que sur leur amour. C’est un Roi d’amour et il veut que ce soit l’amour qui régisse tout son royaume. Ce Roi d’amour s’est fait serviteur pour mieux aimer ses sujets qu’il appelle ses frères parce qu’il leur a communiqué sa propre vie. Il invite ses sujets à faire de même. Ce royaume a aussi des dirigeants naturels, visibles, qui doivent comprendre et suivre les principes énoncés par le Roi spirituel, invisible sur la terre. Il veut que les dirigeants naturels, visibles, fonctionnent selon les mêmes principes que lui : « Ne commandez pas comme font les chefs des nations qui imposent leur autorité et font sentir leur domination, mais commandez en étant les modèles du troupeau » (1 P 5:1-4). Le Roi invite les dirigeants à se faire petits et humbles comme lui : « Que celui qui veut être le plus grand parmi vous, qu’il soit comme le dernier et le serviteur de tous » (Mt 20:26-28).

Dans ce royaume, le plus petit peut être le plus grand ; le plus humble, celui qui se fait davantage serviteur peut être bien plus important que les chefs visibles et bien plus grand que lui : « Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers » (Mt 20:16).

Le principe fondamental du royaume

Le principe fondamental du Royaume ; c’est l’Amour. C’est l’amour qui est le roi dans l’invisible et c’est lui qui doit régir le Royaume de Dieu visible sur la terre. « Dieu est amour » (1 Jn 4:8), nous dit l’Écriture. Il ne peut pas établir un autre royaume que ce qu’il est lui-même. L’arbre produit des fruits selon sa nature et tout ce que Dieu fait porte la marque de l’amour.

Dieu nous a créés par amour afin que nous soyons heureux éternellement avec lui dans un bonheur sans failles ni fins. Sa Providence conserve toutes choses par amour ; Dieu aime tout ce qu’il a fait. Par amour, Dieu nous a communiqué sa vie divine afin que nous soyons ses enfants bien-aimés. Avec la chute, le péché, nous nous étions séparés de Dieu, nous avions perdu la vie divine. Mais Dieu continuait à aimer ses enfants perdus, égarés ; il cherchait le moyen de les libérer des chaînes de l’esclavage où ils étaient tombés. C’est le père de l’enfant prodigue qui n’a pas cessé d’aimer son enfant et qui l’attend toujours. Pour nous sortir de notre égarement, il a envoyé des prophètes nombreux et, pour finir, il a envoyé son propre fils afin qu’il soit sa présence visible sur la terre : une présence d’amour, une présence d’espérance, de paix et de vérité.

Le fils sauveur

Le Fils sauveur vient refaire l’unité perdue par la séparation d’avec Dieu. Il vient redonner la vie divine à ses enfants. Mais auparavant, il a voulu leur expliquer la vérité afin que, librement, ils puissent croire et décider eux-mêmes d’entrer dans le royaume. Dieu nous a créés libres et il veut que librement et intelligemment nous puissions le suivre et décider notre bonheur éternel après avoir compris.

Pour cela, il a donné la vérité et il l’a expliquée de façon compréhensible. « Celui, dit-il, qui comprend ces choses et qui les met en pratique, celui-là sera grand dans le Royaume des cieux » (Mt 5:19). Dans ce Royaume des cieux les théories seules ne donnent rien. Ce sont les œuvres, les actions qui comptent. Il insiste sur la pratique : « Je vous ai donné l’exemple pour que vous fassiez de même » (Jn 13:15). Ou encore : « Vous êtes la lumière du monde, que votre brille devant les hommes afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est aux cieux » (Mt 5:16).

Après avoir donné la vérité, l’avoir expliquée de toute manière, il invite ses disciples à regretter leur vie de péché, à recevoir la vie nouvelle pour ensuite agir comme des fils de Dieu qui se préparent une éternité de bonheur, après une courte vie de quelques années.

Le but du royaume

Le but de Dieu est d’établir sur la terre un Royaume entièrement motivé et régi par l’amour. Jésus aimait son Père infiniment, sa volonté était parfaitement unie et fusionnée avec celle de son Père. « Mon Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10:30). Jésus nous invite à la même unité de pensées, de vue et de volonté : « Père saint, qu’ils soient UN en moi comme toi et moi nous sommes UN ».

La méthode de construction du royaume

Jésus n’a donné qu’une méthode pour étendre le royaume à toute la terre : « Allez annoncer l’Évangile, faites des disciples de toutes les nations, baptisez-les, enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai dit » (Mt 28:19).

Un disciple est celui qui écoute l’enseignement, qui essaie de le mettre en pratique en suivant les exemples de son maître. Dans le royaume, celui qui dirige d’autres disciples, à tous les niveaux, doit lui-même mettre en pratique ce qu’il veut faire comprendre aux autres. L’enseignement n’a pas d’utilité sans la pratique. On le voit bien dans ce que Jésus dit à propos des Pharisiens : « Ils sont assis sur la chaire de Moïse ; faites tout ce qu’ils vous disent, mais ne vous réglez pas sur leurs actes ; ils disent mais ne font pas » (Mt 23:3). Ailleurs, Jésus dit que les Pharisiens sont des « sépulcres blanchis à l’extérieur, mais pleins de pourriture à l’intérieur » (Mt 23:27-28).

La pensée constructive

C’est la pensée qui détermine les actions. Pour pouvoir vivre comme un chrétien, comme un vrai chrétien, il faut avoir les pensées de Dieu. Jésus nous a communiqué les pensées de Dieu dans l’Évangile. Comme les pensées déterminent les actions, il est d’une extrême importance de bien connaître l’Évangile, de le méditer, d’en parler avec d’autres et de commencer à mettre en pratique ce que l’on a compris. La foi nous indique le chemin ; elle permet de comprendre suffisamment pour se diriger en sécurité, mais la connaissance ne vient qu’après avoir mis en pratique ce que la foi nous a indiqué. Dans la foi, comme pour nos agissements naturels, il nous faut nous faire une idée claire du but à atteindre, des moyens à prendre et des actes à poser pour agir intelligemment et librement.

La nourriture de l’âme

De même que le corps a besoin de se nourrir, il en est ainsi de l’âme. L’âme peut se nourrir de plusieurs façons. La première et la plus efficace est l’Eucharistie. C’est la nourriture par excellence des Fils du Royaume. Dieu est amour et c’est par amour que Jésus est resté avec nous. Voilà le sacrement par excellence : Dieu qui se donne en nourriture pour que nous devenions dieux nous aussi. De même que l’enfant se développe progressivement, ainsi l’âme se développe progressivement. L’enfant ne mange pas qu’une fois pour grandir, il mange tous les jours. De même, il ne suffit pas de communier une seule fois dans sa vie pour grandir jusqu’à la plénitude de la vie. Jésus veut que nous arrivions à la perfection même si nous en sommes encore très loin : « Je suis venu pour que les brebis aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10:10).

L’Eucharistie demande un acte de foi pour nos yeux matériels et pour notre intelligence. C’est le même acte de foi que devait faire Marie devant l’enfant qu’elle avait elle-même fabriqué. Elle devait reconnaître en lui le Fils de l’Éternel et le créateur du monde. C’est le même acte de foi que devaient faire les contemporains de Jésus pour reconnaître le Fils de Dieu dans l’homme qu’ils avaient devant eux. Ceux qui n’avaient pas la foi n’y voyaient qu’un pécheur et un perturbateur. C’est la foi seule qui nous manifeste la présence de Jésus dans l’Eucharistie.

L’Esprit Saint

Dans une vie de chrétien, l’Esprit Saint a un rôle vital. Saint Paul nous dit : « L’amour divin est diffusé dans nos cœurs par l’Esprit Saint ».  Pour les fils du royaume de l’amour,  il est donc d’une importance capitale de prier souvent l’Esprit Saint qui est l’amour dans la Trinité.

De plus, l’Esprit Saint a un rôle majeur dans la compréhension de la Vérité : « Je vous enverrai mon Esprit, il vous révélera toutes choses, il vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous conduira jusqu’à la vérité entière » (Jn 14:26 ; 16:13).

Il est impossible de comprendre la pensée de Dieu et l’Évangile sans l’aide de l’Esprit Saint. Voilà pourquoi la prière à l’Esprit Saint est si importante : « Il vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous conduira jusqu’à la Vérité entière » (Jn 14:26 ; 16:13).

Marie la mère des fils du royaume

En donnant naissance à Jésus, Marie est aussi devenue notre Mère. Quand un arbre produit une graine, cette graine contient tout à la fois le tronc de l’arbre et les branches. Marie est donc notre mère comme Jésus est notre père et notre frère. « Jésus est le premier d’une multitude de frères » (Rm 8:29).

Marie donne la vie à ses enfants, les éduque, les corrige, les encourage, les relève et travaille à leur avancement jusqu’à la perfection. Pour les enfants faibles que nous sommes, c’est une chance exceptionnelle d’avoir une mère si bonne, si miséricordieuse et si puissante sur le Cœur de Dieu.

Conclusion

L’unité que nous trouvons en Dieu et dans son plan merveilleux de salut, nous devons la retrouver entre tous les disciples du Christ : « Père qu’ils soient un en moi comme toi et moi nous sommes UN » (Jn 17:21).

L’unité entre les chrétiens ne peut se faire que par l’amour, autour de Jésus, notre modèle et notre vie ; elle ne peut se faire sans l’Esprit Saint, sans Marie et sans participer au même repas de vie : l’Eucharistie ; elle ne peut se faire qu’en étudiant le même Évangile de vie : « Ayez tous un même sentiment » (Ph 2:1,2).