Octobre 1986 – Volume 2.10
Méditer, c’est quoi?
Méditer c’est réfléchir, c’est penser, c’est raisonner intelligemment sur un sujet donné. On peut méditer sur un sujet naturel ou un thème surnaturel.
On peut par exemple méditer, réfléchir sur la maison qu’on a l’intention de construire. On peut intelligemment penser à l’endroit où l’on veut ériger la maison pour avoir la tranquillité; ou bien on songe à un endroit où l’on sera près des magasins vu qu’on n’a pas de voiture. Si l’on désire aller à la messe tous les matins, il est mieux de se placer à proximité de l’église. On peut réfléchir à la grandeur de la maison, en tenant compte qu’il y a trois enfants. Il faut aussi penser à l’argent dont on dispose et au meilleur temps pour construire, etc…etc…
Méditer sur le plan spirituel, c’est réfléchir sur un thème fourni par la foi, par la Révélation. Voici quelques exemples de méditation :
La destinée :
Pourquoi Dieu m’a-t-il créé? Qu’est ce que je viens faire sur cette terre? Et ensuite après la mort?
C’est la foi qui éclaire le thème. Nous avons une double vie : une vie naturelle dans la chair, dans la matière; nous avons aussi une vie surnaturelle, divine que Jésus est venu nous apporter et nous communiquer de la même façon que le tronc communique la vie aux branches de l’arbre : « Je suis la vie; vous êtes les sarments » (Jn 15 :5)
Si telle est notre source de vie, il faut donc que je sois sérieusement branché sur le Christ pour recevoir continuellement la vie divine et pour pouvoir produire des fruits divins : « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits » (Jn 15 :5).
Mais cette vie-là, c’est pour aboutir à quoi? La foi me le dit encore : « Celui qui croit en moi même s’il meurt vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu? » (Jn 11 :25,26).
Mais comment faire pour arriver à cette vie éternelle après la vie passagère de la terre? La foi me dit : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Lc 9 :23).
Le fardeau de la vie est trop lourd, je suis presque découragé. La foi me dit : « Venez à moi vous tous qui peinez et qui ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 11 :28).
Je suis assailli par des tentations, la foi me dit comme à Saint-Paul : « Ma grâce te suffit ».
Comment puis-je, ici, fans le temps sur la terre, bâtir ma demeure éternelle? La foi me dit : « Chacun sera récompensé selon ses œuvres » (Ap 20 :12). Il faut donc que je me mette au travail en vivant en même temps une vie naturelle et une vie surnaturelle; non pas deux vies côte à côte, ni bout à bout, mais deux vies intégrées l’une dans l’autre. Je puis avoir affaire à mon voisin et expédier ma rencontre en vitesse comme on achète trois livres de sucre en magasin pour repartir aussitôt. Mais je puis aussi parler au voisin aimablement, m’informer de sa famille, me montrer prévenant et gentil, etc…
L’intégration de la vie naturelle et de la vie surnaturelle nous est bien montrée dans un texte de Saint Paul : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1Co :10 :31).
Dans une méditation sur la destinée et les moyens à prendre pour l’atteindre il y a une vingtaine de petits thèmes qui sont suffisants pour une excellente méditation.
Fais aux autres…
« Fais aux autres ce que tu veux qu’on te fasse à toi-même » (Lc 6 :31). Voilà qui est sérieux. C’est la loi divine de la justice. En semant des graines de tomates, qui s’attend de récolter des choux ou des betteraves?
C’est une loi divine qui n’a pas d’exception. Personne ne peut récolter ce qu’il n’a pas semé, mais il doit récolter tout, strictement tout ce qu’il a semé.
Voilà qui fait réfléchir. Mais nous sommes stupides! Dans le jardin, en arrière de la maison, nous préparons soigneusement la terre, nous mettons le fumier, nous achetons les meilleures graines pour avoir une bonne récolte; quand nous sommes en avant de la maison, chez des amis ou dans la rue, nous ne savons plus rien. Nous jetons à tort ou à travers dans le jardin de l’âme des autres toutes sortes de critiques, de jugements, de médisances et de calomnies. C’est comme si nous tournions subitement la page d’un volume où le titre est : « On récolte ce que l’on sème ».
Un jour nous serons désagréablement surpris devant la récolte à laquelle nous aurons à faire face. Nous ne comprenons pas que l’on ose dire du mal de nous, oser nous calomnier, nous, si bon, si vertueux! Chose à laquelle nous ne pensons plus, c’est que les graines que nous avons semées un jour ont germé et se sont multipliées. Le seul coupable de la situation : c’est nous. Au lieu de réfléchir et absorber dans la paix la pilule amère, nous recommençons encore à semer du mal en proférant toutes sortes de jugements et d’accusations contre les auteurs de telles vilenies et qui ont osé attaquer notre grandeur!
Par contre si nous semons le bien par nos paroles, par nos jugements et par nos actions, nous serons tout surpris des chances que nous aurons un jour. Nous nous demanderons pourquoi nous sommes particulièrement bénis de Dieu. Il n’y a pas de chance! Il y a seulement des récoltes qui dépendent strictement de ce que nous aurons semé dans notre âme et dans celle des autres. Alors, nous comprendrons la parole de Dieu à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère? » (Gn 4 :9) Que répondrons-nous? Car le frère c’est le Christ.
Pardonnez-nous comme nous pardonnons :
Voilà un autre moyen de récolter ce qu’on a semé. Et Jésus est clair : « Si vous ne pardonnez pas à votre prochain Dieu non plus ne vous pardonnera pas vos offenses » (Mt 18 :35). Et cette disposition de Dieu est parfaitement juste. C’est le « fais aux autres ce que tu veux qu’on te fasse à toi-même » (Lc 6 :31). Nous sommes bien heureux que les autres soient compréhensifs pour nous et qu’ils sachent excuser nos bêtises. Alors il faut nous aussi comprendre les faiblesses des autres. Ce dont les autres ont besoin ce n’est pas de nos jugements sévères, ils ont besoin d’être compris et aidé, tout comme nous!
Ne jugez pas…
« Qui es-tu toi pour juger ton prochain? Ne sais-tu pas qu’en jugeant le prochain, c’est toi-même que tu condamnes » (Rm 2 :1)? Voilà une parole terrible que nous devrions méditer longuement. Encore là, nous voyons qu’il est impossible de récolter autre chose que ce que l’on a semé.
Si nous pensions sérieusement aux conséquences de nos paroles mauvaises pour nous et pour les autres, nous ne serions plus capables d’en dire une seule. Au contraire, nous essaierions toujours de couvrir les erreurs des autres, de les excuser et ensuite de les aider à faire mieux en ne les condamnant jamais. Saint Paul nous dit : « La charité excuse tout » (1Co : 13 :7). Nous sommes les fils de Dieux qui est amour; l’amour ne juge pas, ne condamne pas, il excuse tout. Ce dont les gens ont besoin c’est d’être compris, estimés et aimés. À peu près comme nous! Les âmes sont comme des fleurs, elles ont besoin de soleil pour se développer; ce soleil c’est l’amour qui apporte chaleur et lumière.
En lisant bien l’Évangile, nous trouvons que nous avons là le plus beau guide de vie heureuse sur la terre et dans les hauteurs du ciel.
Le temple intérieur :
Quel beau sujet de méditation! La Trinité entière habite en nous et veut nous transformer en ce qu’elle est : l’Amour.
Comme nous devons garder cette maison propre en la remplissant de bonnes pensées et de bons désirs afin que notre bouche ne sorte que des paroles bonnes, divinisées par l’amour!
De ce temple, il faut chasser tous les vendeurs qui absorbent nos énergies et nous tirent vers le bas, alors que nous devons monter au sommet de la montagne de l’amour en portant courageusement notre croix.
Ensuite il faut orner ce temple de toutes les vertus que peu à peu forment le jardin de Dieu et le lieu de son repos. Il faut que Dieu soit bien en notre âme. Faisons-lui maison nette : une maison dorée par l’amour.
Conclusion :
Méditer, c’est réfléchir, chacun à sa façon, sur un sujet ou l’autre fourni par la foi. On peut faire de même avec toutes les vertus. De nos pensées dépendent nos actions, voilà pourquoi la méditation est si importante. Il faut y consacrer aux moins cinq minutes par jour.
VOTRE PETITE ÉGLISE
Il y a, non loin d’ici, une petite église
que je connais bien.
Vous la connaissez aussi,
mais vous ne semblez pas savoir
que c’est une église, une vraie église
où réside le bon Dieu.
Pas n’est besoin de marcher pour s’y rendre :
elle n’est pas située sur telle ou telle rue…
Cette petite église, c’est VOUS-MÊME!
Votre noble front n’en est-il pas la tour?
vos yeux, les brillantes verrières,
votre cœur, la lampe du sanctuaire
qui en éclaire doucement l’intérieur?
Votre voix n’est-elle pas la ravissante musique
qui chante sans cesse l’hymne de l’AMOUR?
vos saintes pensées
ne sont-elles pas l’autel mystique
où le Seigneur descend d’en haut?
Votre âme, votre âme si précieuse,
n’est-elle pas le blanc Tabernacle
de cette petite église?
et votre corps,
le voile qui le cache à vos yeux?
Chaque fois que vous communiez,
votre langue n’est-elle pas
la table du Seigneur?
et vos lèvres, la porte qui s’ouvre
pour le recevoir?
et vos prières, le tintement de la cloche?
et votre humble attitude,
le plancher de ce mystérieux sanctuaire?
Oui, vraiment, vous êtes une église,
vous que l’Esprit Saint habite.
VOUS ÊTES LE TEMPLE DE DIEU.
En vous réside Celui qui vous aime
et que vous aimez plus que tout au monde.
Mettez la main sur votre cœur, mille fois le jour,
et dans votre propre et chère petite église
faites-lui souvent des visites d’amour.