La Miséricorde de Dieu

Juin 1982 – Volume 1.6

La Miséricorde de Dieu

La miséricorde est le joyau de l’amour divin pour ses enfants de la terre. La miséricorde de Dieu est l’espérance du pécheur tombé qui sait qu’il peut se relever malgré la profondeur de sa faute. C’est pour le juste, la certitude qu’il peut arriver à la perfection parce que l’amour de Dieu miséricordieux le soutiendra dans toutes les difficultés.

La miséricorde, c’est quoi au juste? Pour bien comprendre le sens, il faut remonter à l’origine du mot. Miséricorde vient de deux mots latins : miseri et corde. Littéralement, cela veut dire : l’amour qui se penche sur la misère ou encore : aider le misérable avec son amour.

Cette miséricorde de Dieu pour nous trouve une réplique sur la terre dans l’amour de la mère pour son enfant. Si l’enfant tombe et se fait mal, la mère accourt pour relever l’enfant et panser sa plaie s’il s’Est blessé. Même si elle punit son enfant, elle le fait par amour et, une fois la correction passée, elle a tout oublié et le soleil de l’amour brille toujours dans ses yeux.

Dieu est Miséricorde Infinie

Dieu est le plus miséricordieux que la meilleure des mères. « Même si une mère abandonnait son enfant, moi je ne vous abandonnerai jamais». (Is 49 :15) Dieu n’a jamais rompu son alliance avec son peuple parce qu’« éternel est son amour» (Ps 136) et que sa miséricorde est sans limites. « Les dons de Dieu sont sans repentance », nous dit l’Écriture. Dieu veut nous sauver et son amour ne change jamais. Jésus a illustré la pérennité de cet amour qui ne change jamais dans la parabole de l’Enfant Prodigue.

L’enfant, fasciné par l’illusion d’une vie de plaisir, quitte la maison de son père avec la fortune qui devait lui revenir par héritage.  Il part vers le bonheur. Il trouve des filles de joie, de la musique, des fêtes, des banquets, jusqu’au jour où l’argent vient à manquer. Ce fut la catastrophe. Plus de filles, plus de boissons fortes, plus d’amis, plus rien à manger. Il se décide à travailler, mais à cause de la famine, il ne trouve pas d’ouvrage. Et la faim le rongeait. Un habitant du pays l’envoya garder ses cochons. Rien à manger sauf soutirer quelque chose de la part des cochons. La misère noire et l’abandon de tous!

Mais la souffrance est une dure école et la solitude provoque la réflexion. « Je conduirai l’âme dans la solitude et là, je lui parlerai au cœur ». (Os 2 : 16) Le jeune homme si mis à penser aux beaux jours où il était à la maison au sein d’une famille heureuse et le désir de revenir au paradis perdu revint en son cœur. Il s’achemina vers la maison de son père pour obtenir une place comme employé. Il savait que son père était bon. Il se dit «  Mon père est bon, il m’acceptera sûrement comme employé; je vais lui dire : « J’ai pêché contre le ciel et contre toi, je ne suis pas digne d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes serviteurs ». (Lc 15 :18-21)

Le jeune homme avait fait un résonnement intelligent. Il espérait trouver un patron qui lui permettre de gagner sa vie. À la place d’un patron, il trouva un père dont l’amour n’avait pas changé. Il trouva deux bras ouverts pour le serrer sur son cœur : « Mon fils est revenu à la vie; faisons une fête ». (Lc 15:32)

L’enfant avait changé, il avait coupé les liens avec son père cherchant d’autres amours reluisants, mais sans consistance. IL apprit que tout ce qui brille n’est pas or. En arrivant à la maison, il trouva l’or véritable : l’amour de son père qui était intact et solide comme le roc.

Dieu ne touche jamais à la liberté de l’homme. Mais quand nous nous égarons, l’amour de Dieu est toujours là pour nous relever et nous sortir du mauvais pas, si nous en avons le moindre désir. Quand nous nous détournons des illusions, Dieu présente la Vérité : la clé du Bonheur.

Dieu nous cherche sans cesse. Jésus est le bon pasteur qui laisse dans le bercail les 99 brebis pour courir après la centième qui s’est égarée. Il la cherche jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée, il panse ses plaies et il la ramène triomphalement sur ses épaules. « C’est la volonté de mon Père que pas un ne se perde de ceux qu’il m’a confiés». (Mt 18 :14) «  C’est la volonté de mon Père que tous arrivent à la connaissance de la Vérité et qu’ils soient sauvés». (1 Tim 2 :4) Voilà l’amour du Père. Il veut ramener à lui tous ses enfants égarés pour qu’ils soient éternellement heureux avec lui. Dieu veut pour nous un bonheur éternel et nous, nous cherchons le bonheur dans les choses passagères qui demain ne seront plus.

La Justice alliée de la Miséricorde

La miséricorde de Dieu est infinie et éternelle comme lui. Mais la justice de Dieu est également éternelle. Saint Thomas dit que la miséricorde est en Dieu plus grande que la justice et Saint Paul dit : « La miséricorde se moque du jugement ». Cela est merveilleux pour les petits que nous sommes!

La miséricorde n’est pas opposée à la justice. Au contraire, la miséricorde vient aider à la justice divine et il n’y a pas de miséricorde sans justice. La miséricorde suspend la justice jusqu’à ce qu’elle puisse se réaliser. Ainsi « justice et paix s’embrassent et amour et vérité se rencontrent ». (Ps 85 :11) « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres». (Ps 145) Voyons l’alliage de la miséricorde et de la justice dans le cas du bon larron, à un bandit à qui Jésus mourant dit: « Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis ». (Lc 23 :43)

Laissons-le nous le dire lui-même, à l’autre brigand qui insultait Jésus, il dit : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine! Pour nous, c’est juste, nous payons nos actes; mais lui n’a rien fait de mal ». (Lc 23 : 40,41) La justice est faite, la miséricorde peut s’exercer : « Aujourd’hui même tu seras avec moi au paradis ». (Lc 23 :43) La miséricorde et la justice ont travaillé ensemble à sauver cette âme.

Voyons le cas de l’Enfant Prodigue. Son père lui accorde son pardon sans condition, mais le jeune homme avait demandé lui-même que justice se fasse. « Traite-moi comme l’un de tes serviteurs ». (Lc 15 : 19) Le père lui-même voulant calmer le frère mécontent de la fête lui dit : « Tout ce qui est à moi est à toi ». (Lc 15 :31) Il n’est donc pas question de redonner de nouveau une portion de l’héritage; ce serait injuste. Ce qui est juste, c’est que le jeune homme puisse avoir un travail et gagner sa vie. Il n’est pas question de lui redonner une vie toute faite comme la première fois.

Il est juste que le jeune homme ait à gagner sa vie à la sueur de son front. Il est juste également qu’il ait à batailler avec lui-même pour vaincre et dominer toutes les passions qu’il a développées. Son père ne peut le faire pour lui. Les vertus ne sont pas données en cadeau, il faut les acquérir. Dieu nous aide, mais il ne peut avance pour nous : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». (Lc 9 :23) Le ciel n’est pas un cadeau; c’est la récompense des vertus acquises avec la grâce de Dieu. C’est une victoire remportée de haute lutte.

Décision personnelle

C’est à chacun de décider s’il veut profiter de la miséricorde divine. Jésus a tout dit dans une béatitude : « Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde »! (Mt 5 :7) Personne ne peut récolter autre chose que ce qu’il a semé. Jésus a été clair : «  Vous serez mesurés avec la même mesure avec laquelle vous aurez mesuré les autres ». (Mt 7 : 2) C’est à nous de choisir ce que nous voulons recevoir de la part de Dieu. On n’a qu’à le faire au prochain; Dieu est caché là; il s’en souviendra.

L’Écriture nous dit que la maladie et la mort sont entrées dans le monde par le péché. Au paralytique guéri après 38 ans, Jésus dit : « Ne pêche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire ». (Jn 5 : 14) A la fin de la parabole du débiteur impitoyable emprisonné par son patron : « C’est ainsi que vous traitera aussi mon père céleste, si chacun de nous de pardonne pas à son frère du fond de son cœur ». (Mt 18 : 35)

À celui qui s’accuse en confession d’avoir volé 500.00 $ on lui donne l’absolution à la condition qu’il ait l’intention de réparer le mal qu’il a fait. Il n’y a pas de miséricorde sans justice.

Rien de Souillé dans le Royaume

L’Écriture nous dit : « Rien de souillé n’entrera dans le Royaume des cieux ». Tout ce qui a été mal fait doit être refait et bien fait. Celui qui a volé doit rembourser; celui qui a dit des médisances et des calomnies doit les réparer; celui qui a tué doit payer de sa vie par la prison à vie. Tout doit se payer et c’est juste.

Mais comment va faire le pauvre pécheur pour tout payer ce qu’il a fait? C’est ici que la miséricorde apporte un autre mode de paiement merveilleux. Dieu le dit lui-même : « Si le pécheur se convertir et se met à faire le bien, je ne me souviendrai plus de ses péchés ». (Ez 18 :21,22) Voilà la merveille : le pécheur qui se convertit et se met à faire le bien, sa dette s’effacera peu à peu jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Mais dans ce cas-là, il aura avancé et il aura gravi bien des échelons dans la vertu. La miséricorde aura triomphé de la justice.

C’est seulement pour le cœur pénitent, qui refuse la miséricorde de Dieu, que la justice de Dieu est inévitable et inexorable : « Il est effroyable que je tomber entre les mains du Dieu vivant ». À chacun de choisir entre la vie ou la mort. Personne ne peut choisir pour nous.

Ce que dit l’evangile

« Soyez miséricordieux comme le Père céleste est miséricordieux ». (Lc 6 :36)

« Vous serez traités avec la même mesure avec laquelle vous aurez traité les autres ». (Mt 7 :2)

« Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ». (Mt 5 :7)