Noël continue

Janvier 1986 – Volume 2.1

NOËL CONTINUE

Noël n’est pas pour un jour. Jésus est né sur la terre une seule fois, en un seul jour, le 25 décembre. Les Orientaux ont toujours fêté Noël le 6 janvier. On ne sait pas en fait le jour exact. C’est plein de sens qu’on fête la naissance de Jésus à Noël. Il y avait une grande fête païenne à ce moment-là. C’était la fête du solstice d’hiver, au moment où la nuit de l’hiver est à son plus profond et les jours les plus courts. À ce moment-là, le soleil s’élance de nouveau dans sa course triomphante pour atteindre son zénith au 21 juin moment où les jours sont les plus longs. Et, le soleil a pour mission de réchauffer et de féconder la terre afin qu’elle puisse tout ce dont les hommes ont besoin pour se nourrir.

Dans les ténèbres de l’erreur où était plongée l’humanité est apparu le Soleil divin pour illuminer les âmes et les féconder afin qu’elles produisent des fruits divins. Comme dit l’Écriture Jésus est : « Soleil divin, l’Astre d’En-Haut qui vient nous visiter pour illuminer ceux qui gisent dans les ténèbres et l’ombre de la mort. » (Lc 1 :78-79) Jésus disait : « Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jn 8 :12)

Mais Jésus vient-il pour être la lumière du monde seulement le jour de Noël? Est-il venu pour éclairer seulement les bergers, ou seulement les Juifs qui ne l’ont pas reconnu? Non, Jésus est venu sauver tous les hommes et il ne se préoccupe pas de races ou de peuples. Ce sont tous ses enfants aimés et il veut les sauver tous malgré les égoïsmes, les étroitesses et les prétentions des humains. Les Juifs croyaient qu’ils étaient le seul peuple élu du monde et enseignaient que seuls les circoncis entreraient au Royaume de Dieu. Jésus vient et déclare : « Dans le Royaume de Dieu, il n’y a pas de Grecs ou de Romains. » (Col 3 :11) Et Saint Paul affirme : « Le Juif n’est pas celui qui l’est en dehors, et la circoncision n’est pas au dehors, le vrai Juif l’est au-dedans et la circoncision dans le cœur, selon l’Esprit et non pas selon la lettre. » (Rom 2 :28)

Jésus est donc venu apporter à tous les hommes la lumière de la vérité et la vie divine. Mais comment a-t-il voulu que s’étende le Royaume de Dieu sur la terre? Par une méthode évolutionnaire et de développement progressif permettant aux hommes de bien comprendre d’abord, et ensuite d’établir le Royaume en eux et autour d’eux; tout comme le tronc qui est destiné à produire des branches.

Personne ne peut donner ce qu’il n’a pas. L’arbre qui n’a pas la nature du pommier ne peut pas produire le fruit du pommier. Celui qui n’a pas le Royaume de Dieu établi dans son âme ne peut pas travailler à l’établir autour de lui. Jésus a dit : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits. » Et il ajoute : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15 :5)

La méthode de Dieu est toujours la même. Dieu ne change pas d’idée. Jésus a indiqué clairement le but final du Père des cieux : « C’est la volonté de mon Père que tous les hommes arrivent à la connaissance de la vérité et qu’ils soient sauvés. » (1Tim 2 :4)

D’autre part, Dieu ne change pas plus de méthode qu’il ne change d’idée. La méthode de Dieu est progressive, évolutionnaire. C’est clair, très clair, mais nous sommes si lents à comprendre! Jésus a comparé le Royaume de Dieu à une semence et une toute petite : le grain de sénevé. Il l’a comparé à la vie croissante et non pas à de grands discours : « Le Royaume de Dieu est comparable à un grain de sénevé, la plus petite de toutes les semences; elle devient un grand arbre où les oiseaux du ciel viennent s’abriter. » (Mt 13 :31-32)

Ainsi en est-il de la vie divine. Elle commence par une toute petite semence en nous au moment du baptême. Ensuite, elle croît lentement, elle se cultive et doit grandir jusqu’à devenir un grand arbre à pleine maturité i.e. une vie chrétienne pleinement développée : « Soyez parfaits comme le Père céleste est parfait. » (Mt 5 :48)

L’enfant qui naît a commencé par une toute petite cellule invisible à l’œil nu; elle s’est multipliée des millions de fois pour arriver à former le corps d’un enfant. Et tout n’est pas fini. Il faudra 20 ans pour faire un homme parfaitement développé.

Pour se développer, l’enfant a des efforts  à faire. Remarquez l’incroyable activité de l’enfant qui bouge toute la journée et fait de continuels efforts physiques. Quand son cerveau se développe, il se met à poser d’interminables questions : pourquoi ça? Et comment ça? À l’école ensuite il apprend progressivement, jour par jour, pendant de longues années. On ne lui donne pas la matière de dixième année en première année. Sur le plan spirituel, c’est la même chose, il faut donner la nourriture progressivement. Saint Paul écrit à ses disciples : « Je vous ai donné du petit lait spirituel parce que vous ne pouviez pas porter une nourriture solide. » (1Cor 3 :2-3)

Mais comment Dieu veut-il que la vérité et la vie germent dans les âmes? Comme une toute petite graine qu’il faut semer et qui produit selon la valeur du sol, selon la préparation de l’âme qui reçoit l’annonce de la Parole : « Un semeur sortit pour semer. Une partie de la semence tomba sur le chemin et fut mangée par les oiseaux; une partie tomba en terrain pierreux et se dessécha après avoir germé; une autre partie tomba dans les épines et fut étouffée; enfin, le reste tomba en bonne terre et produisit 30, 40, 50 ou 100 pour un. » (Mt 13 :4-9)

Ainsi en est-il de la semence de la parole de Dieu. Elle est reçue selon la capacité et la préparation des âmes. De plus, l’âme doit faire son effort personnel et continu pour que la semence divine croisse en elle et se développe; tout comme la plante qui doit faire de grands efforts pour planter ses racines dans une terre dure. Il n’y a pas de paresseux dans le Royaume des cieux : « Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent le Royaume des cieux souffre violence, et des violents s’en emparent. » (Mt 11 :12) Les violents sont ceux qui sont capables de se faire violence, qui sont assez forts pour arracher l’œil ou la main qui les empêchent d’escalader les cieux et de gravir la montagne de l’amour. Le meilleur jardinier ne peut pas faire pousser une plante si elle ne fait pas son propre effort. De la même façon, personne ne peut faire pousser la vie divine dans une âme si elle ne fait pas son effort personnel pour connaître la vérité et pour l’appliquer dans sa vie. « Ainsi quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les mets en pratique peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. » (Mt 7 :24)

Et quelle sera la méthode de Dieu pour semer la vérité et la vie divine dans les âmes? Il a dit « Mes paroles sont Esprit et Vie. » (Jn 6 :63) Et Saint Paul dit : « Comment arriveront-ils à la foi s’il n’y a pas de prédicateurs? » La foi entre donc par les oreilles dans une âme qui cherche la vérité : « Cherchez et vous trouverez. » (Mt 7 :7)  Jésus lui-même a dit quoi faire : « Allez annoncer l’Évangile, faites des disciples de toutes les nations, baptisez-les, enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai dit. » (Mt 28 : 19-20)

Chaque chrétien doit être un porteur de vie et un annonceur de la vérité. Chaque pommier doit donner des pommes ou bien on le coupe et on le jette au feu : « Dans la vigne, mon Père est l’agriculteur, si une branche ne porte pas de fruits, mon Père, l’agriculteur, la coupe et la jette au feu. » (Lc 3 :9) Chaque chrétien doit porter du fruit, un fruit de vie éternelle; il doit d’abord cultiver la vie divine en lui-même, faire des efforts pour qu’elle produise des fruits, éliminer les défauts, le mal, le péché afin que la vie divine croisse dans une terre toujours mieux préparée. Alors la vie divine jaillira de tout son être et éclairera tous ceux qui l’entourent. Sa parole elle-même sera porteuse de vie et fera jaillir la vie divine dans les âmes. Voilà la mission grandiose de chaque chrétien.

Chaque fois qu’on donne une parole de Dieu à une âme et qu’elle y croit, la vie divine jaillit ou grandit en elle. Saint Paul écrit : « Vous êtes devenus fils de Dieu par l’Évangile que je vous ai annoncé. » « Mes paroles sont Esprit et elles sont Vie. » (Jn 6 :63) Mais tout ne finit pas là. Le jardinier ne se contente pas de semer ses graines, il les cultive, les nourrit et les entretient jusqu’à la maturité. Voilà pourquoi Jésus a dit : « Allez, faites des disciples de toutes les nations, enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai enseigné. » Pour cela, il faut cultiver les âmes comme les fleurs. Elles ont surtout besoin du soleil de l’amour pour se développer. Par la Parole, le Verbe de Dieu s’incarnera dans chaque âme et ce sera continuellement Noël sur la terre.

Par nos mains, notre tête et notre cœur, Dieu reviendra sans cesse dans les âmes de bonne volonté.

TEXTE À MÉDITER

Et lorsque nous adorons la naissance de notre Sauveur, il se trouve que nous célébrons notre propre origine.

En effet, lorsque le Christ vient au monde, le peuple chrétien commence : l’anniversaire de la tête, c’est l’anniversaire du corps.

Sans doute, chacun de ceux qui sont appelés l’est à son tour, et les fils de l’Eglise apparaissent à des époques différentes. Pourtant, puisque les fidèles dans leur totalité, nés de la source du baptême, ont été crucifiés avec le Christ dans sa Passion, ressuscité dans sa résurrection, établis à la droite du Père dans son ascension, ils sont nés avec lui en cette Nativité.

Tout croyant, de n’importe quelle partie du monde, qui renaît dans le Christ, après avoir abandonné le chemin du péché qu’il tenait de son origine, devient un homme nouveau par sa seconde naissance. Il n’appartient plus à la descendance de son père selon la chair, mais à la race du Sauveur, car celui-ci est devenu Fils de l’homme pour que nous puissions être fils de Dieu.

Un si grand bienfait appelle de notre part une reconnaissance digne de sa splendeur. En effet, comme nous l’enseigne Sait Paul, nous n’avons pas reçu l’esprit de ce monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les dons de la grâce de Dieu. On ne peut l’honorer avec assez de piété qu’en lui offrant ce que lui-même nous a donné.

Tous ceux qui sont devenus par adoption les membres du Christ doivent accourir pour rejoindre ensemble le premier-né de la nouvelle création, celui qui est venu faire non pas sa propre volonté, mais la volonté de celui qui l’envoie. Les héritiers divisés ou disparates ; ils ont les mêmes sentiments et les mêmes amours. Ceux qui sont recréés selon l’Image unique doivent avoir une âme qui lui ressemble.

La naissance du Seigneur Jésus, c’est la naissance de la paix. Comme le dit Saint Paul, c’est lui, le Christ, qui est notre paix. Que nous soyons d’origine juive ou païenne, c’est par lui que nous pouvons approcher le Père dans un seul Esprit. (Sermon de Saint Léon Le Grand pour Noël)

NOËL

Le vrai Christ, le vrai Dieu est terriblement encombrant. C’est pour cela qu’on s’en est débarrassé en ce temps-là. Et que nous nous arrangeons si bien pour nous en débarrasser en ce temps-ci.

Nous nous tournons avec nostalgie vers Noël. Nous nous plaignons de ne pas avoir vécu en ce temps où l’on pouvait voir, toucher, accueillir le Christ. Mais nous oublions que ce fut le temps où presque personne ne la reconnut, aimé, vénéré. Nous oublions surtout que ce temps continue, que pour nous aussi le Verbe s’est fait chair et habite parmi nous, toujours pauvre, toujours suspect, toujours méconnu.

Pensez donc : si les hôteliers de Bethléem avaient su qui frappait à leur porte, ils l’auraient ouverte. C’était des gens religieux comme nous… Mais ils ont cru que c’étaient deux clochards, deux immigrants, deux inconnus, deux encombrants, alors ils ne les ont pas reçus, comme nous autres ne les recevrions pas. Nous sommes trop raisonnables, trop prudents, trop occupés pour cela. Comment croire que Dieu peut se présenter à nous sous pareille forme? Dans nos maisons confortables, tout est occupé et il ne nous manque rien, même si le Seigneur n’est pas là. Car Il n’est là qu’avec le pauvre, avec le vieillard, avec l’étranger, avec celui qui croit et qui aime.

En qui l’accueillerons-nous? En qui le reconnaîtrons-nous aujourd’hui?      (Père Eusèbe-H. Ménard)

La justice de Dieu (1)

Septembre 1982 – Volume 1.9

 La justice de Dieu (1)

Celui qui ne veut pas accepter la miséricorde de Dieu doit un jour affronter la justice de Dieu et, Saint Paul nous dit : « C’est une chose effroyable que de tomber entre les mains du Dieu vivant ». (He 10 :31) Celui qui refuse la miséricorde doit subir les rigueurs de la justice divine.  Parce que Dieu est miséricorde infinie, il prend tous les moyens possibles pour nous ramener de nos mauvais chemins, pour nous détourner des œuvres mauvaises. Si la mauvaise volonté persiste vient la justice. Et la justice de Dieu ne manque jamais. Mais Dieu est infiniment patient. Au livre de la sagesse, nous lisons : Dieu punit les hommes progressivement pour leur donner la chance de se repentir « Car ton esprit incorruptible est en toutes choses! Aussi est-ce peu à peu que tu reprends ceux qui tombent; tu les avertis, leur rappelant en quoi ils pèchent, pour que, débarrassés du mal, ils croient en toi, Seigneur ». (Sg 12 :1,2)

Qu’est-ce que la justice?

La justice, c’est un équilibre entre une action ou une chose et sa valeur réelle; un équilibre entre une action bonne et sa récompense; entre une action mauvaise et sa punition. Voyons un peu ce qu’est la justice sur la terre. Si vous achetez 10 livres de sucre à 0.20 $, il vous faut recevoir 10 livres pour 2.00 $, c’est juste! Il y a équilibre parfait entre ce que vous avez déboursé et ce que vous avez reçu.

Vous faites venir un électricien qui travaille trois heures dans votre maison. Vous lui payez le prix de trois heures. Il y a justice parfaite.

Vous allez chez le mécanicien pour une réparation que vous payez 72.00 $. En partant, vous réalisez que le même trouble est là. Vous retournez au garage et vous faites reprendre le travail sans payer de nouveau. Et c’est juste. Cette fois vous avez reçu en valeur de travail l’égal de ce que vous aviez versé.

La justice humaine peut avoir des failles, mais la justice divine est parfaite; elle ne manque jamais parce qu’elle est éternelle. La justice des hommes est faillible, mais la justice de Dieu est parfaite, car « Dieu sonde les reins et les cœurs ». Il connaît les pensées et les intentions réelles et cachées. Dieu n’est pas un homme; en Lui il y a équilibre parfait entre la valeur des actes et leur récompense. Il ne juge pas sur les apparences.

La justice dans l’Ancien Testament

L’Ancien Testament est la période où la justice de Dieu est clairement manifestée. Cette justice prépare le chemin à l’amour. Saint Thomas dit : « Il est impossible d’arriver à l’amour sans la justice ». Saint Paul exprime clairement ce qu’est cette justice divine : « Chacun recevra son propre salaire selon son propre labeur ». (1 Cor 3 :8)

Le prêtre a la grande responsabilité d’annoncer aux hommes la Parole de Dieu. S’il le fait bien il aura une récompense merveilleuse. Voyons ce que dit le prophète Daniel : « Ceux qui auront enseigné la Vérité à beaucoup brilleront dans le ciel comme les étoiles au firmament ». (Dan 12 :3) Par contre, ceux qui rejettent la Parole de Dieu pour enseigner leurs propres pensées souillées sont durement condamnés par Dieu. Voyons dans le prophète Osée : « C’est avec toi, prêtre, que je suis en procès. Mon peuple périt faute de connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai de mon sacerdoce; puisque tu as oublié l’enseignement de ton Dieu, à mon tour j’oublierai tes fils ». (Os 4 :4-6) Saint Paul dit : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (1 Cor 9 :16) Jésus ne disait-il pas des grands prêtres, docteurs et Pharisiens : « Ils ont la clé de la connaissance et non seulement ils n’entrent pas dans le Royaume, mais ils empêchent les autres d’y entrer ». (Lc 11 :52) « Ils sont assis sur la chaire d’enseignement de Moïse et ils mettent sur le dos des gens des fardeaux qu’ils n’osent même pas toucher du doigt. Faites tout ce qu’ils vous disent, mais ne vous réglez pas sur leurs actes, car ils disent et ne font pas ; ce sont des aveugles qui conduisent d’autres aveugles ». (Mt 23 :2,3 – Mt 15 :14)

Et Jésus avertit ses Apôtres et disciples : « Si votre justice ne surpasse celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5 :20)

La justice dans le Nouveau Testament

La justice de Dieu est éternelle et elle ne change ni ne changera jamais. Ce que Dieu a dit dans l’Ancien Testament de la justice est encore vrai dans le Nouveau. On lit dans les proverbes : « Tel un homme sème, tel il récoltera » ou « Qui sème l’injustice récoltera le malheur ». (Prov 22 :8) On retrouve l’équivalent exact dans Saint Paul : « Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l’on sème on le récolte : qui sème dans sa chair récoltera dans sa chair la corruption; qui sème dans l’esprit récoltera de l’esprit la vie éternelle ». (Gal 6 :7,8)

On ne peut récolter autre chose que ce que l’on a semé. Celui qui ne veut pas pardonner à son frère ne peut pas être pardonné par Dieu. Jésus nous fait dire dans le Notre Père : « Pardonnez-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Et il nous dit clairement : « Vous serez mesurés avec la même mesure avec laquelle vous aurez mesuré les autres ». (Mt 7 :2)

C’est tellement vrai que celui qui ne veut pas pardonner à son frère ne peut pas guérir, s’il est malade et demande à Dieu sa guérison. Dans l’Écriture, nous lisons : « Pardonne à ton prochain ses torts, alors à ta prière, tes péchés te seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre, comment peut-il demander à  Dieu sa guérison? » (Sir 28 : 2,3) « Bienheureux les miséricordieux; ils obtiendront miséricorde! » (Mt 5 :7) Celui qui sème la miséricorde récoltera la miséricorde. Mais celui qui ne veut pas être miséricordieux envers les autres ne pourra pas obtenir la miséricorde de Dieu. Voyons la parabole du débiteur impitoyable. Il devait une grosse somme à son patron. Parce qu’il ne pouvait pas payer, le patron compatissant lui remit sa dette et le renvoya libre. Au retour cet homme prend à la gorge un voisin qui lui devait une petite somme. L’autre ne pouvait pas payer et il le fit mettre en prison. Le patron apprit sa conduite et le fit demander : « Est-ce que j’ai eu pitié de toi? » (Mt 18 :33) Et le patron le fit mettre en prison jusqu’à ce qu’il ait tout payé sa dette. Sa dette effacée revint parce qu’il n’avait pas voulu pardonner la dette de son voisin « Vous serez traités avec la même mesure avec laquelle vous aurez traité les autres ». Pour que nous ne nous fassions aucune illusion, Jésus conclut la parabole : « C’est ainsi que vous traitera mon Père céleste si vous ne pardonnez pas aux autres du fond du cœur ». (Mt 18 :35) C’est à nous de décider comment nous voulons être traités par Dieu et  rappelons-nous que les belles paroles ne lui suffisent pas. Lui il connaît les intentions réelles parce qu’il « sonde les reins et les cœurs ». (Ps 7 :10 – Jer  11 :20) Dieu ne peut pas choisir pour nous. Au contraire, dans son infini respect pour la liberté humaine qu’il a lui-même donnée, il dit : « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui ».  (Deut 30 : 19,20) Dieu nous laisse le choix de la semence et en même temps le choix de la récolte pour le jour du jugement. Et si nous voulons savoir comment nous serons traités au jour du jugement, nous n’avons qu’à regarder comment nous traitons nos frères. Saint-Jean dit « Celui qui prétend aimer Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur, car comment pourrait-il aimer Dieu qu’il ne voit pas s’il n’aime pas son frère qu’il voit? » (1 Jn 4 :20) Personne ne peut récolter autre chose que ce qu’il a semé ni dans son jardin ni dans son âme!

Ce que dit l’Évangile

« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le également pour les autres; voilà la loi et les prophètes ». (Mt 7 :12)

« Vous serez mesurés avec la même mesure avec laquelle vous aurez mesuré les autres ». (Mt 7 :2)

« Chacun recevra son propre salaire selon son propre labeur ». (1 Cor 3 :8)

« Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu.  Ce que l’on sème, on le récolte ». (Gal 6 :7)

« Qui sème l’injustice récoltera le malheur ». (Prov 22 :8)

La Sainte Vierge (2)

Août 1982 – Volume 1.8

Marie, Mère de Dieu

Quand une maman donne naissance à un enfant, elle ne lui crée pas son âme, elle lui fabrique uniquement son corps. Pourtant on l’appelle mère de l’enfant. Marie n’a modelé que le corps de Jésus. Son âme humaine était formée antérieurement dans le sein de Dieu et sa divinité était éternelle. Ainsi son enfant, Dieu et homme, est aussi réellement son enfant que tout enfant est réellement fils de sa mère. C’est avec raison que nous disons de Marie qu’elle est la Mère de Dieu.

Mère de Jésus et notre mère

Quand une mère donne naissance à un enfant; cet enfant arrive au monde avec tous ses membres. Saint Paul nous dit : « ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ? » (1 Cor 6 :15) Nous étions donc contenus en germe dans l’enfant conçu dans le sein de la Vierge Marie.

Dans un pépin de pomme sont contenus à la fois le tronc du pommier et ses branches. Voyons comment le Christ lui-même exprime notre union avec lui et en lui : « Je suis la vigne; vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits; car hors de moi vous ne pouvez rien faire ». (Jn 15 :5)

Tous les enfants de Dieu qui croient en sa Parole font partie du corps du Christ. Saint Paul exprime cette même pensée très clairement : « Il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église ». (Col  1 :18) Tous les chrétiens qui croient au Christ et qui vivent selon leur foi font partie du Corps du Christ. C’est la merveille de la transmission de la vie divine par le Christ de la même façon que la vie d’un arbre est transmise par le tronc à toutes les branches. Marie est donc réellement notre Mère puisque nous sommes les membres de son enfant.

Le prix de la maternité de Marie

L’enfantement de Jésus fut pour Marie sans douleur. L’enfantement dans les douleurs fut la conséquence du péché ainsi que la souffrance, la maladie et la mort. Dieu dit à Eve après son péché : « Tu enfanteras dans la douleur ». (Gen 3 :16)

Mais Marie était immaculée et Jésus était immaculé. Il n’y avait pas en Marie la cause des douleurs de l’enfantement. Les saints ont eu l’intuition de cette naissance merveilleuse en disant que Jésus est sorti de Marie sous forme de lumière. Comme plus tard, après sa résurrection Jésus vint visiter ses Apôtres au Cénacle alors que les portes étaient verrouillées. C’est ainsi que Marie est demeurée vierge après l’enfantement comme avant.

Mais pour nous donner la vie à nous, le problème était tout autre. Jésus était immaculé, mais nous,  nous sommes de pauvres pécheurs qui avaient perdu l’union avec Dieu et la vie divine. Pour nous donner la vie, elle endure de terribles douleurs.

Elle avait été là tout au long de la vie de Jésus, fécondant son travail par sa prière et son amour. Elle était là aussi au pied de la croix pour consommer avec lui la rédemption du monde.

Qui ne pourra jamais imaginer les douleurs de la femme la plus délicate du monde, la plus sensible, la plus tendre, la plus aimante pour son Fils unique? Chaque clou qui entrait dans les mains les ou les pieds de Jésus perçait en même temps son corps et son âme si sensibles. Chaque insulte pour son Fils, chaque outrage, chaque coup étaient ressentis par son cœur de Mère comme s’il eut été fait à elle.

Marie, resta jusqu’à la fin au pied de la croix, souffrant jusqu’au dernier moment la mort de son Fils. Au moment de rendre le dernier soupir, quand la rédemption du monde fut accomplie, Jésus put dire à sa mère : « Femme, voici ton fils » et à Jean : « Voici ta mère ». (Jn 19 : 26-27)

La rédemption était accomplie et Marie nous avait donné la vie dans les terribles douleurs d’enfantement. Celle qui avant était Marie devint Mère de tous les peuples de la terre; la Nouvelle Eve, mère de tous les vivants, fils de Dieu.

Le rôle de la mère

Depuis ce jour, Marie, la divine bergère, ne cesse de parcourir le monde à la recherche de ses enfants égarés. Elle les recueille, les soigne, les réchauffe sur son sein rempli de l’Esprit pour les porter à Jésus comme d’autres « lui-même » purifié et sanctifié par la vie divine.

Au moindre signe de bonne volonté de la part d’un de ses enfants, Marie accourt pour sauver son enfant et l’aider à refaire ses forces; elle le lave, le nettoie, le revêt de nouveaux habits qui sont les vertus chrétiennes. Un peu de bonne volonté et voilà l’égaré sur le chemin du retour.

La Sainte Vierge (1)

Juillet 1982 – Volume 1.7

 La Sainte Vierge (1)

La connaissance de la Sainte Vierge nous conduit à la connaissance du plan de Dieu et à la connaissance de Jésus qui renfermait en lui le verbe, le fils du Dieu vivant. « et le verbe s’est fait chaire, il a habité parmi nous ». (Jn 1 :14)

 Le mal et la mort sont entrés dans le monde par le péché d’un homme et d’une femme. Il fallait que ce désastre fût réparé par un homme et une femme. Mais le fils de Dieu fut un homme né de la terre. Il fallait donc qu’il s’incarnât en naissant d’une femme. Alors il serait Dieu et homme en même temps. Bien sur qu’il aurait pu se fabriquer instantanément un corps d’homme, mais dans ce cas-là il n’aurait pas été notre frère.

 Pour devenir un homme avec un corps parfait, il lui fallait trouver une mère parfaite. Il lui fallait attendre que naisse sur la terre celle qui avait atteint la perfection dans son âme et son corps. Alors elle pourrait fournir au verbe de Dieu un instrument parfait, un corps parfait, pour la rédemption de ses frères. Marie immaculée, pour former un enfant immaculé. Marie, la nouvelle Ève parfaite, pouvait réparer avec Jésus, le nouvel Adam parfait, l’œuvre manquée du premier Adam et de la première Ève.

 Quand Marie reçut la visite de l’ange Gabriel, il y avait longtemps qu’elle se préparait par la prière, la méditation de l’écriture. Éduquée par deux saints, Joachim et Anne, dans son jeune âge, Marie avait ensuite séjourné au temple plusieurs années. Là, elle avait connu en profondeur l’Écriture, par l’enseignement des femmes qui la gardaient et par ceux des docteurs de la loi. De plus, elle recevait lumière et connaissance par l’Esprit saint qui habitait en elle à un degré éminent. L’Esprit saint est le grand maitre des âmes. Sans la lumière de l’Esprit, la connaissance est terne et vide de son contenu divin. Avec l’Esprit, la connaissance s’approfondit jusqu’à atteindre des profondeurs inouïes. « Il vous révèlera toutes choses, il vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous guidera jusqu’à la vérité entière ». (Jn 14 :26) « L’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu ». (1 Cor 2 :10)

 La foi de Marie

Ce qui frappe dans la vie de Marie c’est sa foi inébranlable et son amour indéfectible. Quand elle rendit visite à sa cousine Élizabeth, celle-ci lui dit : « Bienheureuse es tu, car tu as cru les paroles qui t’ont été dites de la part du Très-Haut »! (Lc 1 :45) Marie a cru de tout son cœur à la parole de Dieu, sachant bien que cette parole divine est « un argent natif au feu sept fois purifié ». (Ps 12 :7) Elle savait que la parole de Dieu est éternelle et qu’elle n’est pas une parole d’homme. Elle savait que les pensées de Dieu sont bien au-dessus de celles des hommes et que c’est seulement par la foi qu’on y a accès. « Mes pensées dit Dieu, sont aussi élevées au-dessus de vos pensées que les cieux sont élevés au-dessus de la terre ». (Is 55 :9)

L’amour de Marie

Marie c’est mise d’accord avec la volonté de Dieu manifestée dans l’Écriture, dans la foi. L’amour est précisément l’accord de volonté avec Dieu. Jésus disait :  » vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ». (Jn 15:14) Jésus disait : « me voici père pour faire ta volonté ». (He 10:9) Quand Marie répondit à l’ange : « qu’il me soit fait selon ta parole », (Lc 1:38) elle manifestait son accord de volonté avec Dieu. Voilà l’amour. L’amour est union de volonté et quand il est porté à sa perfection, c’est une fusion de volonté : « mon père et moi, nous sommes UN ». (Jn 17:22) On comprend aussi les paroles de Jésus : «  ce n’est pas celui qui crie seigneur, seigneur qui entrera au royaume de Dieu, mais celui qui fait la volonté de mon père qui est dans les cieux », (Mt 7:21) ou encore cette autre parole : « Qui est mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs? Celui qui fait la volonté de mon père qui est dans les cieux ». (Mt 12:50) Voyons Marie au jour de l’annonciation.

L’annonciation de l’ange Gabriel

L’ange Gabriel se présente à une femme, fille de Nazareth, du nom de Marie. Il la salue : « Réjouis-toi, comblée de grâces, le seigneur est avec toi ». (Lc 1:28) Et l’écriture nous dit tout de suite après : « À cette parole, elle fut troublée et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. » (Lc 1:29)

Pourquoi Marie fut-elle troublée devant une salutation si merveilleuse? Tout simplement parce qu’elle ne savait pas d’où venait ce mystérieux messager.  Elle savait fort bien qu’un jour, un mystérieux messager s’était présenté à Ève, la première femme, pour lui chanter une belle chanson qui nous avait tous mis dans le pétrin. La proposition de Satan allait directement contre ce que Dieu avait dit et donc contre la volonté de Dieu. Et Ève avait succombé en croyant une illusion qui était contre la vérité.

Marie savait cette histoire par cœur et ne voulait pas la recommencer. Mais que faire pour savoir si le messager parlait au nom de Dieu ou s’il était encore un envoyé de Satan? Marie ne pouvait pas consulter et elle n’avait qu’un moyen de détecter à qui elle avait affaire et ce moyen était la foi en la parole de Dieu.

L’ange s’apercevant de son trouble, repris : « sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et appelé le fils du Très-Haut. Le seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il règnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin ». (Lc 1:30-33)

Cette parole de l’ange n’arrangeait rien du tout, car Marie avait décidé de rester vierge. Elle dit à l’ange : « comment cela sera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange répondit : « L’Ésprit saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi, l’être saint qui naitra sera appelé fils de Dieu ». (Lc 1 :35)

Marie plongea son regard, à la lumière de l’Esprit, dans l’Écriture qui contient la parole de Dieu, la Parole de Vérité. Elle rejoignit la prophétie d’Isaïe : « voici que la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel ». (Is 7 :14) Le mot Emmanuel veut dire : Dieu avec nous et donc l’incarnation de Dieu en l’enfant. 

Marie avait le signe attendu et c’est de tout son cœur qu’elle donna son assentiment à la Parole de Dieu transmise par l’ange : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ». (Lc 1 :38)

Marie, voyant que l’ange venait de Dieu puisqu’il disait la même chose que Dieu, se mit pleinement d’accord avec Dieu. Et le verbe de Dieu, le fils éternel de Dieu s’incarne sur la terre ; il devient notre frère. Marie crut, c’est la foi. Elle réalise la volonté de Dieu, c’est l’amour.

(Suite au prochain numéro)…

La Miséricorde de Dieu

Juin 1982 – Volume 1.6

La Miséricorde de Dieu

La miséricorde est le joyau de l’amour divin pour ses enfants de la terre. La miséricorde de Dieu est l’espérance du pécheur tombé qui sait qu’il peut se relever malgré la profondeur de sa faute. C’est pour le juste, la certitude qu’il peut arriver à la perfection parce que l’amour de Dieu miséricordieux le soutiendra dans toutes les difficultés.

La miséricorde, c’est quoi au juste? Pour bien comprendre le sens, il faut remonter à l’origine du mot. Miséricorde vient de deux mots latins : miseri et corde. Littéralement, cela veut dire : l’amour qui se penche sur la misère ou encore : aider le misérable avec son amour.

Cette miséricorde de Dieu pour nous trouve une réplique sur la terre dans l’amour de la mère pour son enfant. Si l’enfant tombe et se fait mal, la mère accourt pour relever l’enfant et panser sa plaie s’il s’Est blessé. Même si elle punit son enfant, elle le fait par amour et, une fois la correction passée, elle a tout oublié et le soleil de l’amour brille toujours dans ses yeux.

Dieu est Miséricorde Infinie

Dieu est le plus miséricordieux que la meilleure des mères. « Même si une mère abandonnait son enfant, moi je ne vous abandonnerai jamais». (Is 49 :15) Dieu n’a jamais rompu son alliance avec son peuple parce qu’« éternel est son amour» (Ps 136) et que sa miséricorde est sans limites. « Les dons de Dieu sont sans repentance », nous dit l’Écriture. Dieu veut nous sauver et son amour ne change jamais. Jésus a illustré la pérennité de cet amour qui ne change jamais dans la parabole de l’Enfant Prodigue.

L’enfant, fasciné par l’illusion d’une vie de plaisir, quitte la maison de son père avec la fortune qui devait lui revenir par héritage.  Il part vers le bonheur. Il trouve des filles de joie, de la musique, des fêtes, des banquets, jusqu’au jour où l’argent vient à manquer. Ce fut la catastrophe. Plus de filles, plus de boissons fortes, plus d’amis, plus rien à manger. Il se décide à travailler, mais à cause de la famine, il ne trouve pas d’ouvrage. Et la faim le rongeait. Un habitant du pays l’envoya garder ses cochons. Rien à manger sauf soutirer quelque chose de la part des cochons. La misère noire et l’abandon de tous!

Mais la souffrance est une dure école et la solitude provoque la réflexion. « Je conduirai l’âme dans la solitude et là, je lui parlerai au cœur ». (Os 2 : 16) Le jeune homme si mis à penser aux beaux jours où il était à la maison au sein d’une famille heureuse et le désir de revenir au paradis perdu revint en son cœur. Il s’achemina vers la maison de son père pour obtenir une place comme employé. Il savait que son père était bon. Il se dit «  Mon père est bon, il m’acceptera sûrement comme employé; je vais lui dire : « J’ai pêché contre le ciel et contre toi, je ne suis pas digne d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes serviteurs ». (Lc 15 :18-21)

Le jeune homme avait fait un résonnement intelligent. Il espérait trouver un patron qui lui permettre de gagner sa vie. À la place d’un patron, il trouva un père dont l’amour n’avait pas changé. Il trouva deux bras ouverts pour le serrer sur son cœur : « Mon fils est revenu à la vie; faisons une fête ». (Lc 15:32)

L’enfant avait changé, il avait coupé les liens avec son père cherchant d’autres amours reluisants, mais sans consistance. IL apprit que tout ce qui brille n’est pas or. En arrivant à la maison, il trouva l’or véritable : l’amour de son père qui était intact et solide comme le roc.

Dieu ne touche jamais à la liberté de l’homme. Mais quand nous nous égarons, l’amour de Dieu est toujours là pour nous relever et nous sortir du mauvais pas, si nous en avons le moindre désir. Quand nous nous détournons des illusions, Dieu présente la Vérité : la clé du Bonheur.

Dieu nous cherche sans cesse. Jésus est le bon pasteur qui laisse dans le bercail les 99 brebis pour courir après la centième qui s’est égarée. Il la cherche jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée, il panse ses plaies et il la ramène triomphalement sur ses épaules. « C’est la volonté de mon Père que pas un ne se perde de ceux qu’il m’a confiés». (Mt 18 :14) «  C’est la volonté de mon Père que tous arrivent à la connaissance de la Vérité et qu’ils soient sauvés». (1 Tim 2 :4) Voilà l’amour du Père. Il veut ramener à lui tous ses enfants égarés pour qu’ils soient éternellement heureux avec lui. Dieu veut pour nous un bonheur éternel et nous, nous cherchons le bonheur dans les choses passagères qui demain ne seront plus.

La Justice alliée de la Miséricorde

La miséricorde de Dieu est infinie et éternelle comme lui. Mais la justice de Dieu est également éternelle. Saint Thomas dit que la miséricorde est en Dieu plus grande que la justice et Saint Paul dit : « La miséricorde se moque du jugement ». Cela est merveilleux pour les petits que nous sommes!

La miséricorde n’est pas opposée à la justice. Au contraire, la miséricorde vient aider à la justice divine et il n’y a pas de miséricorde sans justice. La miséricorde suspend la justice jusqu’à ce qu’elle puisse se réaliser. Ainsi « justice et paix s’embrassent et amour et vérité se rencontrent ». (Ps 85 :11) « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres». (Ps 145) Voyons l’alliage de la miséricorde et de la justice dans le cas du bon larron, à un bandit à qui Jésus mourant dit: « Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis ». (Lc 23 :43)

Laissons-le nous le dire lui-même, à l’autre brigand qui insultait Jésus, il dit : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine! Pour nous, c’est juste, nous payons nos actes; mais lui n’a rien fait de mal ». (Lc 23 : 40,41) La justice est faite, la miséricorde peut s’exercer : « Aujourd’hui même tu seras avec moi au paradis ». (Lc 23 :43) La miséricorde et la justice ont travaillé ensemble à sauver cette âme.

Voyons le cas de l’Enfant Prodigue. Son père lui accorde son pardon sans condition, mais le jeune homme avait demandé lui-même que justice se fasse. « Traite-moi comme l’un de tes serviteurs ». (Lc 15 : 19) Le père lui-même voulant calmer le frère mécontent de la fête lui dit : « Tout ce qui est à moi est à toi ». (Lc 15 :31) Il n’est donc pas question de redonner de nouveau une portion de l’héritage; ce serait injuste. Ce qui est juste, c’est que le jeune homme puisse avoir un travail et gagner sa vie. Il n’est pas question de lui redonner une vie toute faite comme la première fois.

Il est juste que le jeune homme ait à gagner sa vie à la sueur de son front. Il est juste également qu’il ait à batailler avec lui-même pour vaincre et dominer toutes les passions qu’il a développées. Son père ne peut le faire pour lui. Les vertus ne sont pas données en cadeau, il faut les acquérir. Dieu nous aide, mais il ne peut avance pour nous : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». (Lc 9 :23) Le ciel n’est pas un cadeau; c’est la récompense des vertus acquises avec la grâce de Dieu. C’est une victoire remportée de haute lutte.

Décision personnelle

C’est à chacun de décider s’il veut profiter de la miséricorde divine. Jésus a tout dit dans une béatitude : « Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde »! (Mt 5 :7) Personne ne peut récolter autre chose que ce qu’il a semé. Jésus a été clair : «  Vous serez mesurés avec la même mesure avec laquelle vous aurez mesuré les autres ». (Mt 7 : 2) C’est à nous de choisir ce que nous voulons recevoir de la part de Dieu. On n’a qu’à le faire au prochain; Dieu est caché là; il s’en souviendra.

L’Écriture nous dit que la maladie et la mort sont entrées dans le monde par le péché. Au paralytique guéri après 38 ans, Jésus dit : « Ne pêche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire ». (Jn 5 : 14) A la fin de la parabole du débiteur impitoyable emprisonné par son patron : « C’est ainsi que vous traitera aussi mon père céleste, si chacun de nous de pardonne pas à son frère du fond de son cœur ». (Mt 18 : 35)

À celui qui s’accuse en confession d’avoir volé 500.00 $ on lui donne l’absolution à la condition qu’il ait l’intention de réparer le mal qu’il a fait. Il n’y a pas de miséricorde sans justice.

Rien de Souillé dans le Royaume

L’Écriture nous dit : « Rien de souillé n’entrera dans le Royaume des cieux ». Tout ce qui a été mal fait doit être refait et bien fait. Celui qui a volé doit rembourser; celui qui a dit des médisances et des calomnies doit les réparer; celui qui a tué doit payer de sa vie par la prison à vie. Tout doit se payer et c’est juste.

Mais comment va faire le pauvre pécheur pour tout payer ce qu’il a fait? C’est ici que la miséricorde apporte un autre mode de paiement merveilleux. Dieu le dit lui-même : « Si le pécheur se convertir et se met à faire le bien, je ne me souviendrai plus de ses péchés ». (Ez 18 :21,22) Voilà la merveille : le pécheur qui se convertit et se met à faire le bien, sa dette s’effacera peu à peu jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Mais dans ce cas-là, il aura avancé et il aura gravi bien des échelons dans la vertu. La miséricorde aura triomphé de la justice.

C’est seulement pour le cœur pénitent, qui refuse la miséricorde de Dieu, que la justice de Dieu est inévitable et inexorable : « Il est effroyable que je tomber entre les mains du Dieu vivant ». À chacun de choisir entre la vie ou la mort. Personne ne peut choisir pour nous.

Ce que dit l’evangile

« Soyez miséricordieux comme le Père céleste est miséricordieux ». (Lc 6 :36)

« Vous serez traités avec la même mesure avec laquelle vous aurez traité les autres ». (Mt 7 :2)

« Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ». (Mt 5 :7)